Les eaux et sols de Salin-de-Giraud

1 ∙ Géographie des couleurs

Publié par Émilie Fayet

Journal du projet
Arts plastiques Design Couleur végétale, Teinture textile, Micro-édition

Après une première journée de présentation du projet aux CM1, nous commençons notre enquête sur les couleurs de la cité ouvrière Salin-de-Giraud.

Équipés de nos appareils photo, nous sortons à deux reprises et en deux groupes, dans chacun des deux quartiers ouvriers du village où sont / furent implantées les usines Solvay et Péchiney. À la manière du coloriste Jean-Philippe Lenclos et Dominique Lenclos, nous faisons une analyse du site afin d'en déterminer les couleurs. On tire au sort : certains devront photographier les portes des maisons, d'autres les murs, les volets, les sols, les toits, la flore, etc. 

Me prêtant aussi à l'exercice, dans cet article, je présente conjointement une sélection de photos prises en partie par les enfants.

Les enfants enquêtent dans le quartier Solvay

Les murs en pierres

Mur en pierre
Murs de briquettes du quartier Solvay
Photo de Maëlle

Le quartier Solvay est constitué de corons classés au patrimoine de l'UNESCO. Les murs sont en briquettes proches stylistiquement de l'architecture ouvrière du nord de la France et de la Belgique.

Murs en pierre blanches du quartier Péchiney
Photo de Fiona

Le quartier Péchiney a précédé celui de Solvay et son architecture est différente. Il est constitué de maisons individuelles en pierre et de "cabanes" de sauniers, les travailleurs du sel.

Les murs peints

Mur peint
Photo de Maëlle

Les volets, portes, garages

Détail d'une cabane de saunier
Détail d'une cabane de saunier (travailleur du sel) ou de sagne (roseau commun), de la deuxième moitié du XXe siècle. Je ne sais d'ailleurs pas si on peut nommer celle-ci de « cabane », car elle est en dur. Au début du XXe siècle, ces habitations étaient entièrement construites en roseaux. Je n'ai pas encore eu la chance d'en voir et d'après Wikipédia, elles auraient toutes disparues. En revanche, on en croise quelques versions « modernes » situées au centre du village, juste à côté de l'école.
On explore… Le Boulodrome de Salin !
Porte d'un bâtiment ouvrier des salins

Entre les briquettes rouge, les garages et les volets, Salin-de-Giraud est plutôt coloré. Ici, quelques portes des bâtiments ouvriers des salins.

Porte d'un bâtiment ouvrier des salins

Les ornements et décorations

fresque d'un paysage de Camargue
La croix camarguaise sur un portail
Sur les murs des maisons, sur la devanture de la boulangerie, sur les voitures, en stickers ou en babiole qui pendouille au rétroviseur, on la retrouve partout. On sait où on se trouve !
Photo de Maëlle

La croix camarguaise, ou croix des gardians (du provençal gardian, signifiant littéralement « gardien »), a été créée en 1926. Un symbole, autrefois fédérateur des gardians et des pêcheurs, est aujourd'hui connu de tous camarguais. Elle est expressément chrétienne et représente trois vertus : la foi, l'espérance et la charité.

Drapeau grec sur une poubelle

Salin-de-Giraud a évolué au fil des vagues successives d'ouvriers, venus pour travailler dans l'extraction et la transformation du sel. Elle compte encore aujourd'hui de très nombreux descendants d'immigrés notamment de Kalymnos, une petite île grecque connue pour ses pêcheurs d'éponges.

Les sols

Le sol du village
Le sel des salins
Dépôt de sel

L'hiver, certaines des tables salantes sont asséchées. Le paysage ressemble à un désert, une sorte de marée basse où l'on découvre enfin toutes les choses qui se cachaient sous l'eau : cailloux, bois flottés, coquillages… Sel.

La sécheresse des salins

La faune et la flore

Les joncs
Les Joncs sont très courants au bord des canaux. Ils arborent des tiges très solides et piquantes, qui autrefois, permettaient de fabriquer des torches.
Les chevaux de Camargue

Dans les bordures du village quadrillé, il y a des allées luxuriantes avec des potagers et des écuries. Ici tous les habitants (ou presque) ont des chevaux. Les enfants me l'ont confirmé. D'ailleurs, ils font / ont fait pour la plupart de l'équitation.

La salicorne

La salicorne, plante typique et comestible de la Camargue, qui pousse sur des sols riches en sel marin. À cette époque, elle a la même couleur que l'eau des salins.

Les eaux

L'eau rose des salins
J'ai la chance de découvrir la jolie couleur rose des salins produite par l'algue Dunaliella salina, qui est normalement à son apogée en été.
L'eau des canaux

Les eaux de Salin changent de couleurs selon les saisons, le taux de salinité, la chaleur… En ce moment, celle que l'on voit couler dans les canaux du village est celadon (qualifiant à la fois un coloris et un type de céramique propre à la Chine, littéralement « porcelaine verte »), tandis que celle qui stagne dans les tranchés des tables salantes, à moitié sèches, possède des reflets dorés.

L'eau dorée des salins