#1 Le premier jour : 06 / 01 / 2020

Alors, je prends le temps de leur parler de mon travail de scénariste et de réalisatrice. Quand je leur explique qu'on ne fera pas de film ensemble mais qu'on écrira un récit, ils ne semblent pas déçus et continuent tout de même à parler du projet « court-métrage ». Je suis surprise mais soulagée. Je les sens curieux et cela me conforte dans l'idée de les guider dans une expérience d'écriture au long cours. Écrire prend du temps.

 

Mon film se passera dans un monde post-apocalyptique. C'est l'histoire d'un groupe d'enfants qui trouve un corbeau mal en point. Quand l'un d'eux propose de le tuer, l'idée fait son chemin.

 

Je ne leur en dis pas plus ce sur ce que je suis en train d'écrire, mais nous nous attardons sur l'idée d'un monde post-apocalyptique. Qu'a-t-il pu se passer ? Notre premier débat est ouvert et nous listons ensemble des catastrophes potentielles. L'objectif est d'avoir sous les yeux de multiples débuts d'histoires. Je les encourage à puiser dans des films qu'ils auraient vus ou des histoires qu'ils ont pu lire. La liste va de la catastrophe nucléaire à une brutale collision entre la lune et le soleil qui aurait dégagé une poussière toxique sur la Terre. Les voilà plongés dans la fiction.

 

Même si un récit plonge dans le fantastique ou la science-fiction, je veux qu'on ne perde jamais de vue le réel pour s'en inspirer. Aussi, avant de raconter cette catastrophe plus en détails, nous lisons ensemble des témoignages d'enfants et adolescents qui ont vécu des évènements tels que Tchernobyl ou Lubrizol.

 

À leur tour, en groupe, je leur demande de raconter une catastrophe en puisant dans les idées que nous avons listées ensemble. Chaque groupe doit compléter un petit dialogue :

• T'étais où toi quand il y a eu la catastrophe ?

• Tu faisais quoi ?

• Comment tu as compris qu'il s'était passé quelque chose de grave ?

 

Deux volontaires par groupe viennent ensuite lire leur dialogue devant la classe. Chaque texte est enregistré selon un petit protocole. En plus des deux comédiens, chaque groupe désigne un.e réalisateur.rice et un.e ingénieur.e du son.

 

RÉALISATEUR.RICE

(à toute la classe) : Silence s'il-vous plaît !

 

La classe se taît.

 

RÉALISATEUR.RICE

(aux comédiens) : Vous êtes prêts ?

 

COMÉDIENS

Oui

 

RÉALISATEUR.RICE

(à l'ingénieur.e du son)

Moteur !

 

L'ingénieur.e du son met le micro en marche.

 

INGÉNIEUR.E DU SON

Ça tourne !

 

RÉALISATEUR.RICE

(aux comédiens) Action !

 

Les comédiens disent leur texte.

 

Quand ils ont terminé, le.a réalisateur.rice conclue :

 

RÉALISATEUR.RICE

Coupez !

 

Alors, l'ingénieur.e du son peut couper le micro.

 

Ils se prennent au jeu et suivent ce petit protocole avec plus de sérieux que je ne l'aurais imaginé.

 

Quelques extraits sonores de notre premier atelier :