Après un deuxième confinement, le projet reprend avec les enfants de Salin-de-Giraud, désormais en CM2 ! Pendant cette dernière semaine, nous allons confectionner un objet pédagogique un peu particulier : le mouchoir d'instruction.
On avait quelque peu oublié ce support d'enseignement, jusqu'en 2012 lorsque le Musée des Invalides organise une exposition lui rendant hommage : « Avec armes et bagages : dans un mouchoir de poche ».
C'est au XIXe siècle que le commandant Perrinon de la garnison de Rouen brevète le mouchoir dit « d'instruction militaire ». Illustré à la manière d'une bande-dessinée, cet objet qu'ils gardent toujours dans leurs poches permet aux jeunes soldats de s'imprégner, rapidement et sans peine, des consignes de base. On apprend dans l'exposition, qu'il existe aussi des mouchoirs d'instruction publique, offrant des connaissances sur la maison, l'hygiène ou encore la santé. Le mouchoir comme objet pédagogique est intéressant, car il est plus résistant que du papier, léger et il peut nous accompagner partout. Il sert à la fois d'outil et de support à ce qu'il raconte (exemple ci-dessous).
Bandage illustré de sa propre notice d'utilisation.
Alors pourquoi pas imaginer partir en cueillette sauvage, avec son baluchon illustré d'un herbier ?!
Je me suis donc attelée à la confection de deux mouchoirs d'instruction, destinés au projet : un premier pour la cueillette de plantes à couleurs, un deuxième pour la fabrication de couleurs à partir de plantes. Avec les enfants, nous pourrons approfondir les techniques apprises, notamment celles de la teinture végétale. L'idée est donc d'imprimer le texte et les images avec des mordants : préparations naturelles composées de vinaigre blanc et de chimie organique (alun, fer, bicarbonate de soude), qui préparent le tissu à recevoir la couleur. Ils peuvent être imbibés sur l'ensemble du tissu ou bien appliqués sur des zones précises.
Impression du texte avec un mordant au fer
Mordançage complet du deuxième mouchoir avec un mordant à l'alun
Enlevage de certaines zones en sérigraphie
Couture des ourlets
Fixation des mordants, rinçage et séchage
Les enfants réfléchissent aux formes avec lesquelles ils illustreront leurs mouchoirs. Pour s'inspirer, nous ressortons les ustensiles et plantes utilisés les semaines passées. Nous faisons plusieurs exercices de dessin pour apprendre à simplifier les formes. Chacun se prête au jeu : dessin en un trait, puis, les yeux fermés… À la fin, on met tout en commun et on observe les formes qui fonctionnent le mieux : celles qui sont à la fois les plus lisibles, mais aussi les plus simple à transformer en pochoir.
Les enfants dessinent leurs plantes les yeux fermés
Pas simple de représenter une passoire en pochoir…
Puis, ils passent à la découpe.
Une fois les pochoirs terminés, les enfants sérigraphient leurs formes à l'aide d'un écran et d'une racle de sérigraphie. Cette fois, nous n'imprimons pas avec des encres colorées, mais avec des mordants transparents (voir plus haut). Un peu perplexes, les enfants me demandent à quoi cela sert si ça ne se voit pas…
Les enfants s'entraident pour la sérigraphie.
Ils impriments leurs formes en mordants.
On en profite pour sérigraphier, en couleur, les couvertures des carnets de recherche.
Chaque enfant travaille sur les contenus de son carnet.
Pendant ce temps, les mouchoirs sèchent !
Avec la Vergerette du Canada que nous avons cueillie la semaine passée, nous préparons un bain de teinture pour nos mouchoirs. Les enfants découvrent alors les impressions de texte et leurs illustrations, jusque-là transparentes, se colorer doucement. C'est magique !
Une fois terminé, nous partons en balade avec le mouchoir N°1 sur la cueillette de plantes à couleur dans Salin. Il va à la fois nous servir de guide, à la fois de baluchon pour transporter nos plantes.
