L'école

1er jour à Ajaccio

Publié par Pauline Murris

Journal du projet

Il est 13h20, nous entrons dans l’école Simone Veil avec beaucoup de curiosité, et une petite appréhension quand même. L’école vient d’être construite, les locaux sont très agréables. Les classes sont spacieuses et très lumineuses. Nous sommes reçus par deux maîtresses extrêmement ouvertes et sympathiques. Nous travaillerons donc avec 2 classes de CM2. La première, bilingue corse et français, la seconde classique.

Nous nous présentons chacun face à une assemblée d’enfants très enthousiastes, vifs et curieux.

Beaucoup de questions fusent concernant le métier d’acteur : « est-ce qu’en tant qu’acteur, on gère la colère de la vie plus facilement ? », « Quel a été votre pire souvenir de comédien ? », " Avez-vous déjà reçu des tomates", "comment retient-on un texte ?"

Nous présentons la figure d’Isabelle Eberhardt, et faisons passer parmi les enfants émerveillés deux petits échantillons de sable du Sahara, qui ne ressemble pas au sable des plages corses.

Au détour d’une phrase, nous évoquons le maréchal Lyautey, qui a eu une place importante dans la vie d’Isabelle Eberhardt… A notre grande surprise, les enfants semblent le connaître. Nous comprenons qu’il s’agit en fait du nom de la rue et du tabac proche de l’école, et qu’évidemment tous connaissent !

Une discussion autour du voyage s’engage assez naturellement.

Une jeune franco-marocaine nous raconte ses souvenirs du Sahara, une autre raconte son déménagement récent de Nouvelle Calédonie, et les longues heures d’avion qu’elle a dû faire. Il y aura matière à partager les expériences, les enfants semblent d’origines multiples.

Nous échangeons rapidement autour des modes de transports que chacun utilise pour partir. Comment se fait le voyage imaginaire des enfants qui ne voyagent pas géographiquement parlant ? Nous abordons Hergé et d’autres auteurs qui n’ont pas eu besoin de voyager physiquement pour nous faire voyager avec leurs œuvres.

Nous introduisons le terme « Déroute », que personne ne connaît. « Déroute – route – dérouter », les propositions fusent ! Nous leurs parlons de nos envies, en leur disant bien que nous avons besoin d’eux, autant qu’ils ont besoin de nous.

Après cette présentation et rencontre vivifiante, nous allons nous mettre en jambe dans la cour de récréation.

Départ un peu chaotique autour des émotions, après lequel nous proposons aux enfants de passer par petits groupes, les uns devant les autres. Ils doivent se présenter au public dans une langue étrangère ou inventée (grommelot). Dès les premières improvisations, les enfants s’approprient les règles du jeu avec inventivité et audace. Ils s’amusent, s’écoutent de plus en plus. Tous veulent passer, il faut gérer les enthousiasmes et remarquer les inhibitions de certains.

Les langues que les enfants utilisent sont parfois inspirées de leurs langues d’origine, de langues apprises à l’école, du langage des animaux.

Après avoir testé plusieurs variantes (se présenter, présenter l’autre, « faire une entrée » comme star ou comme chef d’état, créer des situations de jeu), nous intégrons des « traducteurs » chargés de traduire les improvisations des comédiens, grâce à un système « pause », « play », que nous orchestrons. Le travail de « traduction » apparaît assez passionnant pour l’oralisation et l’interprétation libre.

Cette première rencontre annonce déjà de belles propositions et idées à venir pour notre création. C’est certain, ces enfants vont nous dérouter !