2) Apprentissage et mise en œuvre des techniques de mise en musique

Publié par Maureen Thiebaut

Les séances suivantes sont consacrées à la mise en musique de haikus.

Présentation de la mise en musique d'un texte

Une séance est consacrée à la présentation des différentes techniques de mise en musique de textes: - Pourquoi mettre un texte en musique? Pour l'illustrer (figuralisme), pour renforcer sa tension dramatique ou sa force émotionnelle, pour le révéler par-delà les mots, ou tout simplement pour suggérer une atmosphère... - Comment mettre un texte en musique? Une fois le texte puis, dans un souci de correspondance d'atmosphère, la musique choisie, il faut les unir, de manière à ne plus former qu'une seule et unique œuvre. Pour cela, il existe différentes manières de faire: introduction musicale seule (pour installer l'ambiance avant l'entrée du texte), ou bien entrée du texte et de la musique en même temps, ou encore entrée du texte seul (qui peut alors revêtir une certaine force) puis entrée fondue de la musique... On peut, au cours de l’œuvre, interrompre la musique et laisser le texte seul, mettre une cellule musicale en boucle, laisser la musique seule illustrer une partie du texte, faire avancer musique et texte en parallèle, ou bien les faire s'entrechoquer, surenchérir l'un sur l'autre (avec des cassures de dynamiques, des mouvements résolument contraires, ou une progression de nuances...) etc. C'est un peu le même fonctionnement que celui du montage d'une bande son sur un film: parfois, elle le sublime, donne une "âme au scénario", et parfois elle doit savoir se retirer pour donner d'autant plus de poids aux mots qui sont dits dans le silence. Les élèves comprennent qu'il n'existe que peu de limites à la mise en musique d'un texte (exceptée celle du respect de la signification de chacun des langages), et qu'il s'agira surtout de se laisser envahir par les émotions suscitées par la musique et le texte, et de les allier, dans un premier temps d'une manière instinctive, puis d'une manière un peu plus intellectuelle, précise, voire joueuse, afin que l'un finisse par enrichir l'autre et qu'ils deviennent indissociables.

Choix du texte et de la pièce musicale

Les élèves, par groupe de 4 ou 5, choisissent un haiku dans une liste que j'ai constituée, et sur une fiche donnent les éléments dont ils voudraient que la musique correspondante se pare: le tempo, les nuances, le registre, le caractère (ce sont des notions qu'ils maîtrisent à présent tout à fait). Par exemple, le groupe qui choisit "Au milieu du brouillard épais le bruit de l'eau vers lequel je me dirige", de Nakatsuka Ippekiro, me demanda une musique au tempo lent, aux nuances évoluant du piano au mezzo forte, au registre grave et au caractère étrange, sombre, afin de traduire l'atmosphère incertaine, inquiétante, dont ils voulaient imprégner leur haiku. Chez moi, je préparais 2 ou 3 propositions de pièces musicales qui réunissaient les demandes des groupes. A la séance suivante, ils choisissaient le morceau qui leur plaisaient le mieux.

Mise en musique des haikus

Je consacrais 20 min par groupe à la séance suivante afin de décider d'une mise en musique précise (que j'annotai alors directement sur la partition). Les enfants furent plein d'imagination et de créativité, ils eurent de nombreuses idées, le plus souvent très justes, ou originales auxquelles je n'aurais point songé. Par exemple, le groupe qui avait choisit "Dans le vieil étang, Une grenouille saute. Un ploc dans l'eau." choisirent la chanson traditionnelle japonaise "Sakura". Ils repérèrent immédiatement les 3 mesures d'introduction qui précédent le thème principal, et décident de laisser la harpe les jouer seule, puis de dire le premier vers avec l'entrée du thème. Chaque début de vers correspond parfaitement à chaque phrase musicale, et ils s'amusent à surprendre le public en disant le dernier vers pour la 2ème fois (chaque haiku était dit 2 fois), seul, sans la harpe: "un ploc dans l'eau", créant ainsi la surprise, et l'investissant d'une dose d'humour et de malice. Nous procédâmes ainsi sur 10 haikus (2 par groupe).