2. Bosch et le cinéma

Publié par Aliona Zagurovska

Journal du projet

« - Trouvez-moi le Christ sur l’image.

-  C’est quoi le Christ ? »

 

Pour commencer la création des histoires avec les images, j’ai proposé aux enfants de s’intéresser à quelques tableaux de Bosch. J’ai inventé un jeu dont le principe ressemblait à « trouver Charlie » dans les scènes peuplées de créatures fantasmagoriques sorties des Enfers et Paradis. Cela a été une petite découverte amusante de la jeunesse actuelle, où Spiderman est plus connu que Jésus. Néanmoins, le message moral du peintre a trouvé un écho chez certains voire la plupart d’élèves. Ainsi, il y en a eu un qui a su exprimer la volonté de l’artiste de guider les gens vers une vie juste, et que les tableaux lui servaient de prévention des péchés, et « cela est très bien », a-t-il conclu satisfait.

Je suis arrivée à ce projet du livre sonore par le biais du cinéma, mon domaine artistique principal. Le cinéma, pour moi, a une base de peinture, littérature, et musicalité. Selon ce principe simple j’ai voulu créer un livre sonore qui serait une forme de film. J’avais donc beaucoup parlé du cinéma et des films avec les élèves. D’où viennent les images, les cadres, pourquoi nous filmons tel ou tel personnage au moment précis, qu’est-ce qu’on raconte avec, qu’est-ce qu’on entend etc. Et pourquoi tout simplement raconter quelque chose ? Je pense que j’ai souvent ramené au sens de l’oeuvre, et à la nécessité de dire quand il y a quelque chose de sincère à dire.

En montrant un film « La grotte des rêves perdus » de Herzog, un réalisateur qui s’émerveille de toute expression de vie, je voulais amener les enfants à la découverte de l’homme dans sa simplicité et la vérité lors de son passage fulgurant sur la Terre. Le film raconte l’art rupestre comme témoignage de vies lointaines, étrangères à nous, les hommes à internet, et si similaires, au point troublant. Je ne sais si les enfants de 11 ans sont dans l’état de se rendre compte de leur vie futile, et surtout de sa beauté. Peut-être qu’inconsciemment, je voulais amener ces enfants à s’aimer, à aimer leurs amis, à voir le précieux dans leur présent en regardant le passé qui arrive si vite.

Petit-à-petit, en montrant des oeuvres de peintres de différents courants, aux têtes réalistes ou déformées, je dirigeais les enfants vers l’idée que toute expression a la place d’exister, qu’ il faut simplement trouver une forme juste.