6 - LA SALSEPAREILLE

Le 5 mai, les enfants et leurs parents sont conviés à l'école pour découvrir LA SALSEPAREILLE.

Un livre signé Rebecca, Louane, Cristiano, Alycia, Céline, Jules, Maya, Baptiste, Manon, Jordan, Mathis, Naïla, Roméo, Giovanni, Anna, Damien, Amélia, Lucas W., Alexia, Valentin, Lucas A., Killian, Enzo.

Quatre-vingt-huit pages à feuilleter ici, accompagnées d'un texte dont voici un extrait :

PETITE HISTOIRE D'UN LIVRE DE PHOTOGRAPHIE ET DES VERTUS DE LA SALSEPAREILLE

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Un escargot blanc, une plante majestueuse, une main noire, une course-poursuite, un éléphant : chaque enfant, avec sa manière unique de photographier, m’a ouvert les yeux sur des choses que seul je n’aurais jamais vues. Mais il faut ici parler du titre, car ce que j’ai appris à voir avec la salsepareille. Ce mot, lancé un jour par un enfant, comme au hasard, désigne une plante presque magique, célèbre avant tout dans un univers de fiction. Chacun sait depuis l’enfance que c’est la nourriture préférée des Schtroumpfs. Mais la salsepareille existe bel et bien autour de nous dans les paysages méditerranéens. On dit que le nom étrange de cette variété de liseron assez commune viendrait des chasseurs fatigués, qui en déterraient la racine pour la manger et trouver l’énergie de continuer à «chasser pareil». Comme toutes les plantes médicinales, il faut être observateur pour savoir la reconnaître et l’apprécier. Ne pas la confondre avec ses semblables et laisser de côté ses fruits non comestibles pour ne garder et savourer que ses feuilles délicieuses.

Entre réalité et imaginaire, ces photos sont comme de la salsepareille. Elles sont le résultat d’un appétit et d’une récolte attentive, contiennent du mystère et de la douceur, transmettent une énergie contagieuse et presque magique à ceux qui savent les observer et les reconnaître. Elles sont comme la salsepareille et son nom bizarre : c’est leur dose d’étrangeté, d’incongruité qui en fait la valeur. Photographier le soleil en face, s’approcher jusqu’au flou qui inonde l’image de couleurs, remarquer cette tête d’animal tapi dans l’eau que la main du photographe, en reflet, semble essayer de saisir. C’est Baudelaire qui l’a dit : « Le beau est toujours bizarre. Il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, et c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »

Nos 23 photographes ne s’y trompent pas. Ils donnent à voir ce qui les touche et n’ont pas peur de s’attarder sur ce qui est commun, et dans le commun sur ce qui est bizarre. Ils ne craignent pas de photographier les écorces tombées dans la rivière, les couleurs acidulées de la haie, n’ont pas peur de zoomer à outrance pour nous montrer ce château sur la colline ni de renverser les images sur la page. Au creux du quotidien, ils savent observer et reconnaître. Attentifs et rêveurs, ils n’ont pas peur de traverser les herbes hautes pour y dénicher de la salsepareille.

Edwin Fauthoux-Kresser