temoignage

[Atelier] La représentation.

Publié par Mathilde Soulheban

Journal du projet

La représentation a eu lieu mardi 25 juin à 17h30, dans la salle Raymond Moutet, sur le créneau de l’atelier de peinture sur soie de l’après-midi et de yoga de l’association des seniors d’Aiglun.

Il y avait des absents de dernière minute et ça a été une joie de voir certains se révéler sur la ligne d’arrivée : prendre en charge des partitions, des conduites de changement de décor et des paroles qui jusque-là avaient été occupées par d’autres avec le même coeur que les siennes, avoir des idées de mise en scène, résoudre des problèmes qui paraissaient insolvables, prendre les choses à bras le corps, autant de preuves d’implications personnelles qui jusque là n’avaient qu’affleuré.

Beaucoup étaient déçus que nous n’ayons pas eu le temps de faire les costumes. Le code que nous nous étions donné était un pantalon noir ou un jean et un T-shirt de couleur. Certains l’ont suivi, d’autres non. Celle dont le personnage faisait revenir les arbres est arrivée avec une tunique verte fleurie et une rose blanche dans les cheveux. Jalousies.

Lorsque nous nous sommes réunis une dernière fois avant de faire le spectacle devant les parents, M. était dans tous ses états. Elle me disait : je ne vais pas réussir à parler ! Il y a trop de monde, je ne vais pas parler. J'ai haussé les épaules, tu fais comme en répétition et c'est bon, ne t'inquiète pas.

C'était elle qui commençait le deuxième acte. Elle se lève, et silence. Elle ne parle pas. Allez, M. ! Vas-y. Sa copine, L., cachée derrière le volcan en carton, lui chuchote des encouragements furieux. Allez !

Deux minutes d'agonie et d'hésitations avant qu'elle commence, et puis tout s'est bien passé.

Elle partirait vite à la fin du spectacle et le lendemain elle serait absente, comme les deux tiers de la classe, alors nous n'en reparlerons pas.

M. emporte sa traversée du trac, et je ne sais pas comment.

Grand succès de la floraison du monde : quand les fleurs repoussent, les décors de paysages sont recouverts par dix fleurs géantes en carton, le public est ébloui par une telle prouesse.

D'ailleurs les décors ne sont pas tombés ! Aux filages il y en avait toujours un qui glissait, un à l’envers, ou déplacé trop tôt. Ce sont les chaises du troisième acte qui ont glissé pendant le deuxième, interrompant tout.

J’ai appris que A., dans le troisième groupe, avait beaucoup aimé ce que nous avons fait au cours de l’année, qu’il voulait intégrer l’atelier de théâtre au collège l’année prochaine. Il ne me l’a pas dit, c’est sa mère qui me l’a soufflé, ravie.

Nous avons bu des jus de fruits et puis les enfants se sont partagé les décors.  Des rapaces en ont pris trois, d'autres aucun. M., qui avait peint sa fusée, a eu honte au dernier moment et a bâclé son passage. Elle récupérera la fusée plus tard, sauvée des griffes de G. et A. qui se voyaient déjà cosmonautes à peu de frais.

affiche