modelage, personnage, illustration, enfants, magie

"Cariner prend une poêle et assomme le loup-volant ! Après ça, il le met dans le feu, et rigole."

Publié par Ariane Hugues

Journal du projet

Quatrième semaine à l'école d'Eyjeaux.

J'ouvre la semaine avec une séance consacrée aux personnages. Par de petits exercices, j'essaye de faire en sorte que les enfants s'approprient le personnage inventé par leur camarade dans la première partie de l'histoire. Il va falloir qu'on le reconnaisse d'image en image, respecter son design, ses vêtements, sa coiffure, et en même temps se l'approprier, être capable de le redessiner dans son style. J'avais aussi remarqué que certain.es enfants avaient des soucis pour dessiner certaines positions, et butaient sur des difficultés pour construire leurs images : comment faire un personnage de profil ? Comment faire un personnage qui court ? Je leur propose donc de leur faire construire le personnage en pâte à modeler, avec dans l'idée que ce petit pantin leur sera ensuite un outil pour s'aider à visualiser des positions un peu compliquées.

En réalité (comme beaucoup de fois au cours de la résidence), cet exercice soulève d'autres questions et apprentissages en cascade que je n'avais pas envisagé avant. Pour certaines, c'est très dur de comprendre comment passer de la 2D à la 3D et il faut s'y reprendre à plusieurs fois avant d'obtenir un personnage vraiment en volume. Ensuite, la technique du modelage ne coule pas de source et certains pantins, mal soudés, ont tendance à se casser au moindre mouvement. Enfin, le chemin inverse, du volume au dessin, n'est pas beaucoup plus évident. Les enfants n'ont jamais fait de dessin d'observation, et ce n'est pas facile pour eux de se servir de ce pantin comme un outil de dessin. Il faudrait approfondir, y passer plus de temps, et le temps de la résidence file. C'est à la fois très intéressant pour moi et aussi un peu vertigineux de voir le nombre de savoirs qui sont mobilisés pour chaque étape de ce projet, alors que je n'en avais pas conscience. On oublie facilement qu'on a appris des tonnes de choses, et comment. J'aimerais pouvoir passer plus de temps sur ces ateliers plus informels, un peu en dehors du projet. Si tout ça était à refaire, avec l'expérience, je crois que je choisirais un projet plus souple plus ouvert à d'expérimentation et moins construit autour d'une exigence de résultat. Mais je suppose qu'il fallait le faire une fois pour l'apprendre !

Le reste de la semaine, ont revient à nos histoires. Finalement, j'ai décidé de supprimer l'étape du crayonné  à taille réelle. On passe direct de découpage en petit au dessin final. J'ai l'impression que certaines choses sont plus fluides qu'au début du projets, qu'ils/elles sont plus à l'aise pour le dessin et la narration. En revanche ça leur demande des efforts de devoir faire attention à la cohérence avec le début, et de ne pas trahir les idées posées par leurs camarades si elles ne leur conviennent pas tout à fait. 

Je les quitte le vendredi midi pour partir tenir un stand sur un festival toulousain. Certain.es ont commencé et même presque fini leurs images finales. D'autres n'ont pas encore commencé. Le jeu de la dernière semaine va être de jongler entre tous les groupes plus ou moins avancés pour finaliser tout ça. Je me demande comment organiser les tâches qui restent à accomplir :

- relire les histoires entières et vérifier la cohérence entre les débuts/fins d'histoires
- trouver un titre pour le livre et des titres pour les histoires qui n'en n'ont pas
- et enfin faire une/des couverture/s ou une/des jaquette/s pour le livre

On se retrouve dans deux semaines !