bataillon de fausse-cloches

Comment alimenter une fausse-cloche ?

Publié par Benoît Villemont

Journal du projet

Où l'on rentre dans le vif de la fonderie d'art à la cire perdue. Où l'on voit que la cire à la même faculté que des pics à brochettes à se perdre en fumée.

C'est pour moi la finalisation de cette première phase de travail qui nous aura pris tout de même 8 journées. On s'est plut à écraser la cire sous nos pieds, à faire fondre la cire, à séparer ses cacas fondus de son eau goudronneuse. A se mettre abondemment de l'huile d'olive sur les mains pour en distribuer aux copains. A poser sans qu'on ait l'impression d'être vu des morceaux de cire froide sur la plaque brûlante. A laisser tomber, tout cru, dans la soupe de cire, le couteau de Benoît Villemont.

De son côté, lui il a fait sa cloche en même temps que la nôtre. Elle est plus grande, elle nous montre l'exemple. Il a personnalisé sa fausse-cloche, l'a individualisé en même temps que d'autres en ont fait des fausse-cloche-licorne, fausse-cloche-nounours, fausse-cloche-à-anses-en-double-coeur. Lui, il a gravé sa cloche en cire d'une longue épigraphie où il se met dans la peau de la future cloche en bronze, en disant où et quand elle a été fondue et par qui. En l'occurence, lui, qu'on nomme l'artiste et qu'elle n'aime pas ça.

Avant de naître d'auraun, je suis jaune comme dans l'oeuf d'une poule. Le blanc ce sera le moule qui me couvrira par la suite. Mais avant cette opération, il me faut fabriquer, dans la nature de ce jaune, ou du moins dans la nature d'une matière qui puisse se perdre (matière organique), une cône de coulée, ma bouche, par où ma vie de bronze me sera alimentée, et des évents par lequel l'air emprisonnée par la digestion du bronze pourra s'échapper en gaz.

 

 

fausse-cloche nounours

Mon système d'alimentation n'existera que lorsque, moi-même, je me serai perdu dans le vide. De piques à brochettes en bois, emprisonnées dans un moule réfractaire, naissent des vides ayant la forme de tubes fins que sont les évents. Considérez-moi, le jaune, avec mes bâtons de bois et mon cône sur la tête, comme un individu de passage, et mon moule, le blanc, comme ma mémoire tout entière. Je ne serais plus, même visible, et pourtant si présent, je serai.