La silhouette du village depuis le promontoire de la tour

De proche en loin, autour de la tour

Publié par Chloé Mariey

Journal du projet

Semaine du 20 avril

Retourner à la tour


De retour à la tour, remplies des expériences vécues avec les enfants sur leurs propres lieux d'étude, nous laissons libre cours à nos intuitions. Chacune part vers les chemins qui l'appellent. Chloé s'éloigne de la tour et va sillonner les chemins alentour. Mélanie s'allonge à ses pieds. Toutes deux, carnet et stylo à la main, tentent à nouveau de décrypter le lieu, mais cette fois-ci in situ.

Prendre le large pour garder l'essentiel


Chloé s'enfonce dans le petit chemin qui longe puis descend le long du talus de la tour. D'entre la maigre haie, en se retournant, elle voit la tour. Elle la laisse derrière son dos, comme pour oublier cette image encore trop prégnante. Elle marche en l'ignorant derrière elle. Ce n'est qu'une fois arrivée au bout du chemin qu'elle se met à dessiner la tour, la découvrant sous un nouveau visage. Etonnée, elle continue son chemin et renouvelle l'expérience en tournant autour d'elle, de loin, en empruntant chemins et routes alentour. A chaque fois, elle dessine simplement ses contours, la skyline du paysage qui l'entoure, la courbe des champs ou les quelques arbres environnants. Elle ne garde que l'essentiel : des traits noirs esquissent les formes, quelques textures et ombres hachurées.

Prendre le large pour garder l'essentiel
La tour sous un de ses nouveaux visages, depuis un chemin alentour. Photographie de Dimitri Vazemsky

La tour aux multiples visages


Plus tard, étalés devant nous puis mis soigneusement côte à côte pour constituer une longue frise noire et blanche, les dessins révèlent toutes les facettes de la tour. Elle n'est plus une image unique, mais une multitudes de profils, souvent tronqués : tantôt ne laissant apparaître que le chapeau de son toit en zinc, tantôt son tronc sans son socle en terre, apparaissant comme posée au milieu d'un champ en labour. Ainsi, la tour n'est plus centrale. Avec la distance, elle disparaît parmi les arbres puis réapparait pour ne devenir qu'un vague point dans la ligne d'horizon. Elle laisse la place à d'autres éléments plus forts, ou devient partie intégrante du paysage, d'un alignement ou composition d'arbres.

S'approcher pour changer de point de vue

Tandis que Chloé arpente les alentours, Mélanie quant à elle, s'est allongée dans les herbes hautes qui bordent la tour. Elle commence à dessiner ce qu'elle voit sous ses yeux, oubliant la tour au-dessus d'elle. Elle prend le temps d'examiner les herbes, de dessiner leurs nervures, leurs détails, de choisir les couleurs qui les représentent. Se concentrant sur un détail, elle fait abstraction de son environnement, et ainsi de la tour. Elle la redécouvre soudain en relevant la tête, étonnée. Allongée face contre l'herbe, elle voit la tour sous un nouveau jour, du point de vue des herbes couchées, immense au-dessus d'elle. Renouvelant cette exercice au pied de ses murs en pierre puis tout autour d'elle, Mélanie ajuste sa vue comme l'objectif d'un appareil photo : tantôt concentrée sur les détails, tantôt le regard au loin, redécouvrant elle aussi la tour.

Retrouver la tour

De retour à la tour après sa grande exploration, Chloé se sent chez elle. Le parcours lent et le rythme tranquille de la marche a généré chez elle cette impression de retour à un refuge. De leurs expériences, Chloé et Mélanie gardent les souvenirs de tours multiples, aux formes variées. Elles ont la richesse des détails, la netteté des contours, le flou des couleurs et des paysages lointains en tête. Elles ont complexifié leurs perceptions, enrichies leurs visions du lieu par ces exercices.

La silhouette changeante de la tour
La silhouette changeante de la tour