Gabarit pour maquette

Donner des mots aux formes

Publié par Romain Lepage

Journal du projet

Premiers jours au sein de l'école Gustave Flaubert / La Varende.

Le 20 janvier commençait concrètement ma résidence dans le cadre de Création en cours, au sein de l’école Gustave Flaubert/La Varende, à Vimoutiers. Même si j’avais rencontré l’équipe enseignante quelques jours plus tôt, découvert les lieux par la même occasion, j’allais faire la connaissance des futurs collaborateurs du projet : une classe CM1 et une autre de CM2, formant une groupe d’une trentaine d’élèves.

Le premier temps passé sur place était consacré à la médiation : les rencontrer, me présenter, leur parler du projet, les écouter. Ce premier échange marquait les principes qui allaient régir les prochaines séances de travail. Pour mieux appréhender les étapes à suivre, je jugeai nécessaire d’exposer et d’expliquer un certain lexique. Nous avons évoqué des questions fondamentales tels que les principes de sculpture, design, architecture, plus largement celles du volume et son appréhension. Un échange riche, qui témoignait des très bonnes intuitions dont faisaient preuve les élèves, et qui allait permettre de donner des noms à leurs intentions et leurs gestes. Autour de quelques exemples significatifs (Donald Judd, Jeppe Hein, Mathieu Mercier, Raphaël Zarka...) était introduite la réflexion qui allait guider notre démarche : une sculpture peut-elle être fonctionnelle ?

Il était important de parler de la manière dont ces sculptures allaient être pensées, parler de maquettes, de plans, d’intentions, de projections. J’évoquai les différentes étapes de travail et l’implication des élèves dans le projet. Pour conclure cette première journée, j’expliquai ce qui allait nous permettre de construire ces maquettes. Ici s’appliquait l’influence de mes recherches personnelles et de ses références. Construite autour de l’architecture moderne et l’invention du Plan libre par Mies van der Rohe, Fournitures est pensée comme une série de sculptures issues d’agencements entre des formes géométriques simples. Tel un jeu de Kapla, cette expérience rend possibles divers connexions et assemblages.

Au lendemain de cette première rencontre, il me semblait nécessaire de créer une méthode qui guiderait les élèves dans la réalisation de leurs maquettes. L’intuition de la construction devait être privilégiée, en étant toutefois guidée par certaines règles. Mon choix était de créer un panel de formes préconçues et prédécoupées. Dans la mesure où il trop contraignant de construire sans référent, ces formes allaient servir de socle commun aux élèves, qui pouvaient s’atteler directement à la construction. Sur une base ludique, tel un jeu, ils pourraient faire et défaire leurs idées pour s’approcher progressivement d’une forme prête à construire. Une méthode privilégiant le raisonnement mais aussi l’expérience. La conception des ces formes devait être pensée dans un souci d’unité, d’adaptabilité et de maniabilité. Du constat classique de la taille moyenne d’une assise (évaluée à 45 cm de hauteur en fonction du sol) se sont dessinées 10 formes planes, rectangulaires ou carrées, choisies autour d’un multiple ou d’un dividende de 45, comprises entre 22,5 cm et 135 cm. Reportées à une échelle 1/5e et découpées dans du carton plume, ces formes constituaient la matière de la première étape de conception de ces sculptures.