Extraits 1 et 2

Extraits 1 et 2

Publié par Jonathan Daviau et Alexandre Kato

Journal du projet
Extraits 1 et 2

Extraits n°1 et 2 du premier chapitre.

[...] Imaginons. Elle a été forcée de s’absenter. Par des gens. Qui donc ? Ou un événement. Non, elle a décidé elle-même de quitter un lieu et ses habitants, parce que les murs qui la protégeaient jusque-là ont commencé à l’enfermer. Parce qu’elle n’avait jamais quitté un lieu et que ça lui a paru important, dans une vie, de le faire au moins une fois. Pas tout à fait : elle a choisi de partir, mais son choix était influencé par des gens. Qui donc ? Et ainsi de suite… Non. Elle fuyait un danger imaginaire, un fantasme, un nœud est apparu dans son esprit, qui a déréglé sa perception des événements. Le contraire peut être : elle pensait décider seule de quitter un lieu et ses habitants, le bastion de son passé, mais son libre arbitre n’était que pure illusion, elle était déterminée, socialement, psychologiquement, ou bien contrainte de manière subliminale par des gens. Qui donc ? Non, il y a eu des étapes. Au début, elle avait décidé de partir. Vers le nord ? Entre temps, elle s’est laissée convaincre d’attendre encore quelques années. A la fin, des gens l’ont emmenée vers le sud, vers l’Espagne, ou vers l’est, qui donc ? Ou plutôt, elle est partie construire une vie nouvelle, sans savoir que des gens se préparaient à la forcer à l’exil ; coup de chance pour tout le monde. Tout compte fait, ces gens, ils auraient voulu l’empêcher de partir, l’enfermer pour toujours entre les murs de son enfance, ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle disparaisse un matin. Ou un soir. Coup de chance pour elle. Non, c’est trop simple. [...]

[...] Un étrange et unique immeuble est posé la, au bout du chemin de gravier. Oui, c’est bien ma destination : sur un petit panneau rectangulaire fixé sur la façade est écrit le nom de la rue. Il est curieux d’avoir pris le temps de la nommer alors qu’il n’y a qu’un seul bâtiment ici. Il est d’autant plus curieux que la voix au téléphone m’a rappelé plusieurs fois que je logerai au numéro 2. La boite aux lettres renseigne la même indication. Je suis bien au 2, que s’est-il passé avec le numéro 1 ?  Pas la moindre trace de ruines ou de fondations, la végétation autour de l’immeuble semble présente depuis longtemps. Mon logement est au premier et dernier étage. Le portillon vert de la clôture est resté ouvert tout comme la porte d’entrée. Le hall est éclairé de la même lumière que les lampadaires extérieurs. Sur le sol de béton, de grosses traces de semelles terreuses mènent à une porte rouge, plantée sur le mur gauche. A droite, deux portes sont peintes en vert, ou peut-être en bleu, ma perception des couleurs est redéfinie par le jaune de l'ampoule accrochée au plafond. En face, un escalier massif monte à l’étage, en haut, un seul appartement. J’insère la clé dans la serrure. Je prends garde à ne pas faire de bruit, autant lorsque je tourne la clé sur elle-même que lorsque je pousse la porte. J’ai toujours peur qu’il y ait déjà là quelqu’un à m’attendre la première fois que j’entre dans un nouveau logement. [...]