Grandeur nature #2

Un jardin en cours...

Le bois débarque, comme un immense assemblage de kaplas, les enfants entreprennent sous nos conseils le montage des bacs. Ils saisissent soudainement la logique que requiert un assemblage pourtant simple : un cube constitué par quatre tasseaux, le double de planches latérales et cinq autres en-dessous afin de constituer le fond et les pieds de la future jardinière. Nous les laissons devant ces pièces détachées qui tel un dilemme, une légère énigme, embarrassent les enfants. Comment donner de l’allure à ces bouts de bois ?

L’habilité manuelle n’est pas habituelle, peu d’enfants apprennent à manier la scie, la perceuse, quelques-uns seulement dans l’intimité du foyer. Pourtant, on sous-estime leur appétit du bricolage et même si l’ergonomie des outils que nous leurs procurons s’adapte mal à leur morphologie, les enfants apprécient de découvrir ces « objets qui fabriquent ». Planter une vis entre les veines du bois, poncer sa peau d’échardes, le découper en pièces, trouer ce bois par des coups de foret, autant d’actions confiées avec confiance à des enfants désireux de manipuler. 

Ce passage forcé par l’outillage et la technique nous semblait essentiel -d’où la participation indispensable des enfants- afin de leurs montrer que l’oeuvre d’un jardin ne se concrétise sans l’ouvrage du manoeuvre. Autrement dit, avant même de planter, bouturer, semer ou encore bêcher, plus longtemps encore avant le plaisir du nez, la paix des yeux, le jardin est un chantier, à la saveur parfois revêche. Ce chantier se dissipe au rythme de l’effort du jardinier puis s'harmonise doucement en un paysage sensé, sensible, intelligible. 

Les enfants ont ainsi compris que jardinier est un métier autant intellectuel que manuel et qu’il existe un rapport direct à la matière, aux objets qu’on déplace, transforme.

Grandeur nature #2
Grandeur nature #2