L'école élémentaire Léon Cécile le premier jour

Ici et là-bas

Publié par Corentin Buchaudon

Journal du projet
Arts visuels Scénographie

Le Lorrain : premières impressions sur un territoire aussi familier qu'inconnu après un voyage de 7000 km.

La rencontre avec un territoire

J'avais imaginé Le Lorrain autrement, et c'est tant mieux : ici le sable fin n'est pas beige, il est noir parsemé d'une nuée d'étoiles brillantes, on me dit que sa nuance change tout au long de la côte. Installé ici sur la crête d'un Morne (une colline), une plate-forme panoramique, je découvre la diversité des plantations agricoles locales. Le Lorrain est surnommé le royaume de la banane, mais on y découvre également de vastes parcelles de cannes à sucre ainsi que d’immenses et vertigineuses zones de pâturage pour des vaches qui y pacagent tranquillement (les souvenirs de mon enfance paisible dans la campagne Bourguignonne ressurgissent progressivement). La forêt tropicale prend la forme de bosquets à mon altitude, en montant la route elle dessine une masse dense dont je découvrirai les mystères prochainement. De ma fenêtre, les autres habitations se font discrètes car elles sont entourées par de magnifiques haies où s'entremêlent fougères arborescentes et crotons roses/oranges/rouges/beiges/verts (ces petites plantes d'intérieur que l'on trouve souvent dans les appartements et salles d'attente <artificielles bien souvent> de l'Hexagone). Ici une vague moderniste a semble-t-il massivement remplacé l'habitation créole traditionnelle bien que j'ai l'impression que les constructions en cours y fassent de nouveau référence. Ici la nuit, le bestiaire tropical entonne un concert retentissant, j'imagine qu'il gronde son bien-être.

La rencontre avec une école

Ici j'ai fait la connaissance d'élèves et d'une équipe enseignante au grand cœur. Les petits Lorinois sont curieux, coquins et bavards. Les questions fusent en classe, dans la cour ou dans la salle d'activités qui me servira sans doute d'atelier "vous êtes différent de ce que j'imaginais M. Buchaudon, êtes-vous vraiment un artiste ?", "est-ce que vous pouvez me dessiner pour que je montre à ma maman ?", "est-ce qu'on pourra faire des graffitis sur les murs avec vous ?", "là-bas, est-ce que vous avez déjà vu le président?". Parmi toutes ces questions ma réponse la plus évidente était pour la dernière "oui le camembert, d'ailleurs j'étais surpris de le voir hier dans les étals du supermarché d'à coté". L'équipe pédagogique est soucieuse de mon intégration culinaire et culturelle. Je profite de la pause-déjeuner et du goûter (c'est sacré) pour échanger avec les uns et les autres afin de mieux les connaître et poser à mon tour de nombreuses questions. Mon projet artistique nécessite une bonne connaissance du terrain tant pour l'expérience de partage avec les élèves que pour la production personnelle que je désire réaliser.

Entre dépaysement et doux souvenirs
Entre dépaysement et doux souvenirs

Des rencontres incertaines

L'île, son passé et ses vœux pour l'avenir sont au cœur du petit projet que je souhaite mettre en place ici. Pour les ateliers collectifs, les lignes sont bien définies, mon but est que les enfants reconsidèrent leur territoire, leur patrimoine : du plus petit objet jusqu'au réseau global. Quand à mon projet personnel, il mûrit librement dans ma tête et sur quelques crobards. De manière poétique il décodera l'architecture moderniste locale, ses formes / ses failles, ses couleurs / son usure, ses matières / la présence humaine. Tout en restant fidèle à ma pratique précédente par la thématique des architectures disparaissantes, j'aimerais me lancer un défi expressif nouveau en expérimentant de nouvelles techniques.