"Il n'y a pas de fausse note; ce sont les notes d'après qui diront si elle était juste ou non."

"Il n'y a pas de fausse note; ce sont les notes d'après qui diront si elle était juste ou non."

Publié par Antoine Prud’homme De La Boussiniere et Simon Rembado

Journal du projet

Avancée du travail avec les enfants.

Mai 2017.

Désormais ,et à notre grand plaisir, nous sommes devenus des habitués de l'école élémentaire. Les enfants ont vite compris que lorsqu'ils voient les volets de l'appartement au dessus de l'école ouverts, c'est que nous sommes là. Et alors la question retentit: "On va jouer aujourd'hui?!" Nous avons passé une bonne quinzaine de jours au total avec les enfants, de manière disséminée mais régulière. Et pourtant c'est avec satisfaction que nous recevons cette question, car elle signifie que nous ne nous sommes pas "installés", que notre présence est toujours apparentée pour eux à un "ailleurs", un "autrement". Une sortie du quotidien scolaire. C'était une des gageures à laquelle nous tenions le plus: ne pas tomber dans "le cours de théâtre". Faire du ludique une priorité. Et force est de constater que ce pari là semble réussi. Tous, autant qu'ils sont, se sont mis à jouer avec de plus en plus de force. Nous voulions qu'ils sentent que le jeu est sérieux, mais non pas grave. C'est ce qu'ils font désormais: ceux qui trichaient se jouent maintenant des règles; ceux qui n'avaient pour but que de gagner sentent que le plaisir le plus grand n'est pas forcément de ce côté là; ceux qui jouaient en dilettantes comprennent que le jeu rend au joueur à la hauteur de ce qu'il reçoit de lui. Enfin, le groupe s'harmonise, plus personne n'est trop à la traîne: pour bien jouer, il faut jouer tous ensemble, et le temps d'une partie, agir en "communauté". Tout ceci est particulièrement parlant au Loup Garou. Pour le dire simplement, ils sont devenus redoutables. Et c'est une véritable mine d'or pour nos recherches sur les mécanismes de dénonciation et de bouc émissaire...  Néanmoins, ils sont capables de comprendre que leurs accusations sont finalement toujours infondées, et servent un intérêt ou une passion personnelle. Ils le reconnaissent aisément, ce qui n'était pas le cas avant. Ils savent donc s'amuser d'eux-mêmes. Premiers pas.   Pour ce qui est du jeu théâtral, on doit avouer que ça se corse. Très souvent, leur fatigabilité devient extrêmement grande -eux qui sont capables de jouer quatre heures au loup garou SANS PAUSE- dès lors qu'un processus plus conventionnel de "répétition" s'engage. Pourtant, il le faut bien... Mais nous préférons souvent privilégier leurs impulsions aux nôtres. Car ils sont capables de se mobiliser quand l'ENJEU est clair. Quand ils se démotivent, ("on peut pas rejouer plutôt?"), c'est que nous n'avons pas su partager nos motivations.   Et nos motivations deviennent très concrètes. Aujourd'hui, nous sommes fin juin, et nous allons commencer à créer le petit spectacle peuplé d'improvisations que nous présenterons le 7 juillet. Hâte.