Jardins conceptuels

Jardins sur cour

Le plan de l’école bouge… Les enfants le transforment, le manipulent et la cour devient une matière malléable où l’on peut risquer sur papier, dessins de formes, de courbes, de lignes qui elles-mêmes représentent des sentiers, des assises, quelques plantes…

Par groupe, les écoliers se plaisent à exalter de nouvelles atmosphères, une ambiance particulière. « Hors-sol », on leur explique avant cette unique condition ; l’asphalte de la cour, trop dur de caractère, ne se laissera pas faire, il nous faudra lui passer dessus. Cela sera par des bacs de plantation, peut-être des pots. Cela ne brise en rien leurs visions. Nawel, Lyn et Marouane veulent « comme un jardin à la française », d’autres désirent sertir leur cour d’un oasis de verdure imaginaire. Lilou éparpille des fleurs sur le bitume… Ces plans deviennent de véritables arbres à palabres, dans chaque groupe on argumente, on tente de convaincre, on se dispute et finalement on s’accommode. Il faut se mettre d’accord sur un endroit en particulier. Doucement, le jardin prend forme, acquiert une surface plus ou moins grande. Le précis de plantation que nous leur présentons, énonce des volumes, échafaude un décor, combine des couleurs. Quelles plantes pour quelle ambiance ? Que veut-on créer par la sélection des végétaux ? Les espèces se multiplient, les expressions aussi, feuillage persistant, fleurs de printemps, plantes aromatiques et odorantes. Il faut symboliser les arbustes et herbacées choisies, résumer la nature, la silhouette  du futur jardin sur le plan de masses. La plupart appréhendent encore l’exercice ; comment dessiner sur un plan l’envie d’un jardin, et pourquoi d’ailleurs aplanir une idée.

Tout au long de la semaine, les enfants se familiarisent avec un vocabulaire, peu à peu apprivoisent le plan codé, les légendes et l’échelle. En parallèle, plus spontanément ils croquent les plantes retenues au feutre, crayon de couleur ou papier. Et enfin, au dernier jour de cet atelier, chaque groupe présente le concept de jardin lors d’une séance collective. Les enfants s’entrainent à l’exercice compliqué de l’oral, saisissent l’intérêt de représenter clairement une idée, de la rendre intelligible, afin de mieux la transmettre.

A croire que les jardins déchainent les passions. Les présentations des projets soulèvent des réactions, des débats et souvent des controverses. Insensible devant le tumulte de l’assemblée, chaque groupe en est certain, leur jardin est le bon.

Jardins sur cour
Jardins sur cour