Journal 6 - Atelier d'écriture

Harcèlement : attaques, sollicitations et agressions diverses, physiques comme verbales, répétées et continues, dans le but de nuire et de tourmenter une personne.

(Cyber-harcèlement : Harcèlement via des outils numériques et les réseaux sociaux.)

Comme un jeu de rôle, nous décidons d’inventer une histoire et d’écrire les différents points de vue des personnages.

C’est important pour nous de leur apprendre la notion « point de vue ». En effet, dans notre pièce de théâtre, un choeur de 19 filles agit ensemble bien que les avis et les opinions diffèrent voire se contredisent.

Point de vue : façon de penser et manière d’envisager, de voir ou de juger.

Notre fiction de base est : le harcèlement d’une élève à l’école.

Nous décidons de diviser l’atelier en trois groupes :

-le groupe des harceleu.r.ses

-le groupe des témoins

-le groupe des harcelé.e.s

Les trois groupes doivent partir d’une description pour ensuite parler de leur ressenti.

Ensuite, grâce  :

à leur 24 points de vus,

à leurs mots entremêlés,

à leur manière d’envisager le harcèlement,

à leur manière de parler de leurs sentiments,

à leurs idées,

nous créons deux textes choraux.

Ce qu’on appelle, entre nous textes chorals, est un texte dont les discours pluriels viennent rejoindre une unique trame. Autrement dit, de la polyphonie naît l’histoire petit à petit, détail par détail. Des voix -aux différents points de vues- s’entremêlent pour raconter une même situation.

Tout ça, nous essayons de le transmettre aux élèves.

C’est un travail préliminaire à la formation du chœur que nous conduirons la semaine suivante.

Des ces ateliers naissent deux textes chorals.

Le premier (ci-dessous)

Le second, que nous avons décidé d’adapter en texte audio.

Faire un travail de lecture et d’enregistrement est également pour nous un moyen d’aborder en douceur le jeu théâtral.

Nous leur donnons des consignes. Ils apprennent leur(s) phrase(s). Ils répètent. Nous découvrons leurs voix en dehors de la classe.

Texte 1 / Harcèlement

" Ça se passe à plusieurs endroits dans la classe, dans la récréation, dans la cantine...
Ça se passe dans la récréation dans un coin sacré.
Ça se passe dans la récré sur le hall.
Je vois des agresseurs moches.
Ils forcent Scarlett à donner de l’argent : un billet de 500€ et 200€ pour aller aux toilettes.
Il fait beau.
Je vois Scarlett en train de se faire taper, je la tape aussi, ça me fait plaisir, je trouve ça rigolo de lui arracher les lunettes, mais elle court alors moi je cours et je l’attrape.
Ça se passe à l’école dans la cours, en cachette.
Nous, les méchants, dans la cour, on embête les filles à la récréation du matin. Scarlett ne sait pas jouer au foot alors on se moque d’elle, nous, les méchants, et TTCER.
Et on a du plaisir d’agresser.
Je vois toutes les filles qui rient et qui se moquent de moi. Je dis « vous aurez la honte ».
Et Scarlett est en train de pleurer.
Et tout le monde de l’appeler la patate. C’est son surnom.
Je suis étonné et surpris par ce qui se passe : qu’ils l’insultent Ça se passe dans la cours de récréation au bout :
Je vois anonyme anonyme et anonyme, ils me traitent de : « eh la grosse sac à crotte, et t’es CONNE et t’es moche ! Et t’es trop moche pour plaire aux garçons !!! Grosse crotte de merde puante ».
Je m’en vais en pleurant et je trébuche et me reprend.
Je pense que je suis grosse et que je suis la dernière de la classe. Dans la classe Ils m’attachent sur une chaise, ils m’entourent puis ils frappent.
Je vois 19 personnes qui me harcèlent, je veux me tuer.
Je ressens quelque chose.
J’ai mal au cœur.
J’ai la haine quand je les vois.
J’espère que l’attaque méchante s’arrêtera.
Aujourd'hui à 12h55 dans la cantine :
Les harceleurs : des coups de pied, des coups de poings.
Je ne veux pas m’interposer sinon il va m’arriver la même chose. Je ressens un sentiment d’impuissance, que dois-je faire ?
Moi si je les vois je les traite et j’appelle la police et je les tape. Coups de pied, coups de poing.
Je devais le faire : rigoler taper frapper.
Et ça se passe aussi dans les vestiaires du terrain de tennis de l’école.
Des élèves avec qui je ne joue jamais me lancent leurs raquettes car ils ont perdu. Ils sont 5 à m’entourer.
Je me sens triste et personne ne vient m’aider. 5 minutes plus tard un témoin se rajoute, ils sont maintenant 6 à me lancer leur raquette. Je me sens seule, sans ami, car personne ne vient m’aider.
Scarlett m’a déjà fait beaucoup de mal donc je décide de faire pareil que les autres. Je fais du Kung Fu pour leur faire du mal. Elle saigne de partout.
Quand ils me tapent je saigne.
Je perds 4 dents et je tombe dans les pommes.
Le lendemain matin Scarlett n’est pas revenu, j’espère qu’elle ne s’est pas suicidé."