à l'aventure ....

à l'aventure ....

Publié par Caroline Frachet

Journal du projet
à l'aventure ....

Commencer par le Corps

Lundi. Mardi.

Matin. Après midi. Une classe tour à tour.

Au cours de ces premiers ateliers, nous avons expérimenté le rapport entre l’architecture et le corps, entre figuratif et abstrait, nous avons travaillé à développer l’écoute de groupe, la confiance en soi et la confiance en nos camarades, nous avons momentanément perdu la vue pour mieux développer les autres sens, nous avons tendu les oreilles et tenter d’ouvrir le regard à 360°.

Il faut avouer…  ça fait déjà beaucoup de choses ! Mais l’aventure n’est pas des moindres et le chemin est long.

L’objectif de ces premières séances avec les enfants est pour moi de réussir à amener une écoute dans les groupes, une conscience collective et de développer l’imaginaire de chacun car tout ces éléments seront nécessaires à la création de notre Espace en Je(u).

Lors de chaque atelier, nous nous retrouvons dans la salle périscolaire qui est devenue mon atelier pour quelques mois.

Lundi, nous avons commencé par un réveil en massages, du bout des pieds jusqu’au sommet du crâne.

Ensuite, nous avons traversé différents exercices d’écoute et d'éveil à l'espace. Par exemple marcher dans la salle, s’arrêter de manière synchronisée à un signal sonore donné et reprendre la marche ensemble sans aucun signal… Tout cela yeux ouverts, puis fermés, marche lente puis accélérée.

La difficulté est de ne pas s’agglutiner et d’occuper tout l’espace en gardant une qualité de mouvement. Sur toute la durée de l’exercice, l’évolution de l’écoute et la qualité des déplacements se fait nettement sentir. Les enfants remarquent que la perte de la vue les force à  solliciter leur écoute et à sentir les déplacements autour d’eux.

On fait d’autres jeux comme celui-ci, en passant un par un, en binôme, ou avec tout le groupe en faisant varier les contraintes, en amenant de nouvelles consignes qui perturbent l’ordre entrain de s’établir.

On fait aussi des portraits en touchant du bout du doigts le visage de notre camarade et de l’autre main, le crayon dessine sur la feuille sans se décoller, le tout sans que nous jetions un œil au dessin entrain de se faire… La difficulté ici est de parvenir à lâcher-prise. Les enfants sont tentés par l’envie de faire quelque chose de beau et de ressemblant alors que la consigne les inviterait à faire le contraire…

Nous faisons d'autres choses étranges comme imaginer que l’on vole porté par le vent et que l’on marche sur un fil électrique suspendu à 1000 mètres au dessus du vide, que l’on rencontre des Oiseaux Monstrueux, l’orage, la pluie, le feu, des branches qui chatouillent…

Je lance aussi des mots aux enfants comme Espace / Espace Intérieur / Espace Intime / Espace Libre et ceux-ci me répondent avec d’autres mots, avec leur idées, avec leurs images mentales.

On s'est également promené dans Morestel, les yeux bandés, avec un guide comme copain. Il a fallut ouvrir grand les oreilles pour monter jusqu'à la Tour de Morestel, gravir les longs escaliers de pierres, passer par la papeterie, puis la boulangerie, l'épicerie, passer du bruit des chantiers au silence résonnant de l'église, puis redescendre par La Muette avec ses gros cailloux ronds qui massent le dessous des pieds.

Progressivement je vois les sensations se déposer, le plaisir prendre sa place, les gestes s’assumer un peu plus et les regards s’ouvrir. On commence à créer collectivement, à croiser nos imaginaires, à s’exprimer chacun et tous ensembles.