Vincent jouant du Bouzouki

La rencontre

Publié par Tom Grand Mourcel et Véra Gorbatcheva

Journal du projet

Une première semaine qui se termine à l’école Lamoricière. Une semaine enrichissante et pleine d’émotion. Mais aussi une première semaine qui a commencé par le stress.

L’intervention à l’école Lamoricère consistait à proposer pour cette première semaine des ateliers découverte mettant en mouvement le corps en relation avec la musique live. Une approche corporelle avec le soutient d’une matière sonore. Pour cela, j’étais accompagné par Vincent Guiot, interprète et musicien de Dikie Istorii Company. Nous voulions pour cette première rencontre, découvrir les enfants par le corps, voir de quoi ils étaient capables et comment ils réagiraient à nos propositions.

Lundi 29 Janvier, nous nous sommes donc rendus à l’école Lamoricière et avons rencontré toute l’équipe pédagogique qui nous a très bien accueillis. Un peu avant que la sonnerie ne retentisse et que les enfants se rendent dans la classe, nous avions rendez vous avec l’enseignante de musique pour qu’elle nous prête sa salle, afin que l’on puisse y faire de l’espace et s’y mouvoir. Nous lui avions aussi demandé de séparer la classe de CM1 et CM2 en deux groupes afin de faire plus ample connaissance avec un plus petit nombre d'élèves.

Dans la salle le stress commence de plus en plus à se sentir dans mon corps, j’en parle à Vincent qui est tout aussi stressé que moi. Pour lui aussi c’est la première fois qu’il intervient auprès d’enfants.  La première sonnerie retentit. Nous entendons alors des pas, des rires, des gens qui courent, des enseignants qui crient, mais nous ne voyons personne.

Nous avions un peu parlé de ce que nous voulions faire avec Vincent mais pas trop, car nous voulions avoir une part d’improvisation pour avoir l’occasion de switcher assez rapidement au cas où les enfants n’accrocheraient pas.

La deuxième sonnerie retentit, le stress est encore plus fort. C’est alors que des petits bonshommes m’arrivant à peu près à la taille commencent à entrer dans la salle. J’avais demandé à Vincent de mettre une ambiance sonore afin de plonger les enfants directement dans un univers hors scolaire. Aucun impact. Ils ne prêtent pas attention à nous, ni à la musique. Ils commencent à parler, à rigoler. Je ne sais pas quoi faire, mais je me lance: «  Bonjour les enfants! Nous allons commencer. C’est parti ». Je me présente à eux, présente Vincent et leur demande de se présenter en retour. Puis je me lance, je commence par les faire marcher dans l’espace, Vincent me suit avec ses sonorité électroniques et petit à petit j’amène les élèves à bouger, à se désarticuler, à courir, à s’arrêter, à s’écouter les uns les autres, à ralentir le temps et à écouter la musique de Vincent.

Ça y est, ils sont à cent pour cent avec nous, ils nous écoutent, nous suivent, sont attentifs, se tortillent dans tous les sens. Ils sont déjà inspirants pour une future création. Une heure se passe rapidement et on passe au deuxième groupe qui est tout aussi explosif et plein d’énergie. Les élèves sont supers, pleins de propositions, à l’écoute de la musique, du corps. Ils sont surprenants.

Les deux heures sont passées, je n’ai pas vu le temps couler. C’était génial, quelle énergie.

La semaine se passa comme ça tout les matins, avec des moments un peu plus chaotiques que d’autres, mais tout aussi enrichissants pour Vincent et moi.

Par la suite, nous avions discuté avec les enseignants et la directrice sur le fait de pouvoir faire participer un maximum d’élèves et non simplement une classe comme c’était prévu à la base. Nous avions donc réfléchi avec Vincent sur comment nous pouvions partager notre art à l’école entière.

L’idée était survenue après quelques moments de réflexions. Elle était là. On avait décidé d’intervenir dans les classes sans prévenir les élèves. Que l’on essaye qu'à un moment de la journée, les élèves ne soient plus en classe. Nous voulions les faire sortir du milieu scolaire pendant un instant. Un moment de suspension dans leurs apprentissage.

Nous sommes donc intervenus les après-midi après avoir écrit un petit sketch mélangeant théâtre et danse. C’est donc jeudi que nous avions commencé, courant de classe en classe, se cachant pour que les élèves et les enseignants ne nous voient pas. Les élèves ont adoré. Nous avions lancé un mythe dans l’école. Le mythe de CHAPKAMAN, l’homme le plus grand du monde et qui danse comme un spaghetti de l’espace. Encore une fois, selon les classes, ce fut des moments incroyables et pleins d’émotions, du plaisir à l’état pur, un moment de joie et de partage.

C’est avec tristesse que nous avons fini cette première semaine, et sommes très heureux d’y retourner pour continuer ainsi sur cette voie en direction de la création d’une petite pièce avec les élèves.