Pour continuer l'intention de travail avec des matières qui évoquent la fragilité, nous avons décidé d'initier les enfants à l’art du Kitsungi.
Le Kitsungi est aussi un art ancien japonais qui est l’art de la réparation de la poterie cassée au moyen de laque saupoudrée avec de la poudre d’or.
En tant que philosophie, le Kitsungi aborde la casse et la réparation comme faisant partie de l'histoire d'un objet, plutôt que comme quelque chose à déguiser. Non seulement, il n'y a aucune tentative de cacher les dommages, mais la réparation est littéralement éclairée pour montrer la beauté de l’histoire de l’objet.
Nous avons laissé les enfants choisir un objet en porcelaine, avant de le casser, tour à tour.
Cet exercice englobe les concepts de non-attachement, d'acceptation du changement et du destin en tant qu'aspect de la vie humaine.
Nous avons aussi l'intention de montrer que les accidents de l'existence au fil du temps, auxquels tous les humains sont exposés, sont illustrés métaphoriquement dans l'éclatement de la céramique.
Ensuite nous avons recollé les objets cassés. Ceci était le moment de réparation, un moment de sensibilité compatissante, ou peut-être une identification avec l'extérieur de soi.
Ensuite les enfants ont peint sur les fissures avec de la peinture dorée. C'était encore une activité qui demandait beaucoup de concentration et de tact.
Le fait de mettre en évidence les fissures montre la beauté de l’histoire de l'objet. Ceci est aussi une belle métaphore de la vie : que ce sont nos défauts, nos imperfections et notre capacité à surmonter les luttes de la vie qui nous rendent chacun unique et beau.
Les discussions avec les enfants furent riches et chacun a témoigné de son expérience personnelle en écho à l’activité, ce fût aussi un moment jubilatoire et mémorable : casser de la vaisselle dans la cour de l’école et finir par se peindre les ongles, une fois les failles de la porcelaine colorées, une fois n’est pas coutume...
