Mars

Cette fois-ci, la couleur ne sera pas sentimentale, non, elle sera utile. A partir d'une sélection de six photographies de silos à grain prises par l'artiste Eric Tabuchi dans la région, chaque enfant en a choisi une. Sur les tirages que je leur apporte, il referont ce que j'avais commencé de mon côté : une sorte de réhabilitation de ces bâtiments industriels par la peinture. On commence par le logo, en suivant son instinct ou la signification commune des couleurs, puis on passe aux choses sérieuses : quels motifs vais-je dessiner sur mon silo, quelles couleurs seront adaptées à ce que je veux faire, comment garder les deux dimensions du bâtiment grâce à l'ombre et la lumière, aux couleurs sombres et aux couleurs claires ? Pour les aider, je mets à disposition les peintures que j'ai faites sur photo les semaines précédentes, ainsi que mes cahiers recherches qui recensent un certain nombre de peintures murales géométriques photographiées en France. En fait, ça marche très bien, ils sont audacieux. En une heure, on se retrouve avec une collection de silo-fermes, silo-discothèques, silo-camouflages, silo-cirques... en volume.  

Après avoir cherché pour mon compte des tuiles plates de Beauce, je ramène aux élèves un stocks d'ardoises de toiture (en fibro-ciment) sur lesquelles je leur propose de prolonger les exercices précédents, en réalisant un motif géométrique à trois couleurs maximum. L'ensemble, assemblé à la manière des bardeaux d'immeuble que je photographie souvent en ce moment, fera je l'imagine une sorte de fresque que nous pourrons présenter à la fin de notre projet commun. Une fois encore, je suis étonnée par la perspicacité et l'efficacité des élèves.

Un peu l'air de rien, en dehors des cours ou bien le vendredi, je continue de filmer les environs de Charsonville mais aussi les enfants, qui cette fois-ci me font des devinettes en imitant les lettres du télégraphe Chappe, qui passait tout près d'ici. C'est assez mystérieux, et parfois très réussi.