Mon pavillon.

Mon pavillon.

Publié par Loïc Lusnia

Journal du projet

Il y a un mois, je plantais mon drapeau à l’école primaire de Loudrefing, dans sa classe de CM1/CM2.

Venu porter haut mes couleurs, je constate qu’on m’attend de pied ferme : quinze élèves motivés, prêt à en découdre. Mais à en découdre avec quoi ? Moi je le sais, mais eux ignorent tout de ce qui les attend, l’institutrice, mystérieuse, incorruptible, a gardé le secret de ce projet jusqu’au moment fatidique, ne cédant sous aucun prétexte à la pression des élèves qui la noyaient sous les questions à mon sujet.

Ce fut donc à moi de leur révéler la raison de ma présence parmi eux.

Les drapeaux. Drapeaux nationaux, de foot, drapeaux pirates, drapeaux étranges, cools, aux formats bizarres, aux motifs biscornus.

Quoi de plus simple qu’un drapeau les enfants ? Un rectangle, quelque couleurs, un motif. Pourtant, le tout représente bien souvent des milliers de personnes et leur valeurs communes.

Sujet tellement intéressant que Sheldon Cooper trouve bon d’en faire un podcast : « amusons nous avec des drapeaux » dans la série Big Bang Theory.

Loin de moi l’idée d’arriver à produire un atelier aussi rasoir que celui ci, mon but est de proposer aux élèves de cette classe de créer leur propre pavillon. Un drapeau peut se révéler être un formidable moyen de communication et une première prise de contact efficace avec l’inconnu, en témoigne les drapeaux pirates et leur effet immédiat sur l’équipage qui, prit de panique, se prépare à être abordé, pillé, jeté par le fond.

Ainsi, ces premières séances furent riches, dessin de drapeaux en tout genre, introspection, observations, présentation, découverte d’univers graphique divers et variés, j’ai tenté d’envoyer ces jeunes dans tous les sens pour qu’ils puissent tirer d’eux même, le meilleurs de ce qu’ils pourraient voir figurer sur un drapeaux les représentant.

Entre atelier d’écriture et de dessin, le but est de trouver, d’organiser et de dessiner un drapeau qui soit vraiment représentatif de soi, et de pouvoir en parler. Chaque élève a ainsi cherché en lui ce qui méritait de figurer sur un bout de tissu arguant « voilà qui je suis ».

Après ce mois de production, d’esquisse et de découvertes, nous entamons la phase de réalisation finale des drapeaux, occasion d’une nouvelle rencontre : celle de l’outil numérique. La tablette graphique et l’ordinateur au service de ces graphistes en herbe et de leurs ambitions micro-nationales.

Autre ambition de ce projet : redorer le blason du drapeau, qui depuis quelque temps trouve un écho bien trop péjoratif dans l’actualité. Accaparé par les adeptes du replis identitaire, le drapeau fait peur, confine, divise. Mais ici, dans cette petite classe de Loudrefing où 15 élèves cohabitent, où 15 drapeaux différents finiront par exister, il est prétexte au partage, à la discussion, il célèbre la différence et l’unité.