Motifs (3/4) Les Fantômes
Publié par Paul Andriamanana Rasoamiaramanana
Le
16 février 2018
Journal du projet
Après la période de recherche en ateliers avec les enfants, il est venu le temps de composer à partir de cette matière. Selon les classes, le processus a été différent et quatre objets chorégraphique ont émergé, dont deux qui ont été repris pour la création finale. J'explique ici les procédés et présente les objets qui en ont découlé.
L'espace que j'avais élu pour la présentation finale est un ancien stade en friche, au bord du Vidourle, peu planté, coupé en deux par le pont de la nationale. Le paysage alentours est assez plat et l'on peut voir les gens arriver de loin sur le chemin qui vient de la ville. Cette disposition spatiale m'a donné envie d'un début lent, en forme d'ouverture au noir sans technique d'éclairage. Les cent vingt enfants, arrivant lentement du village vers le public sur le stade, comme une vague
J'ai essayé de travailler le principe de masse percolant avec la dernière classe.
Constituez une ligne / constituez un agrégat
Traversez la salle de part en part, lentement.
Traversez la salle de part en part, lentement, vous avez le droit d'avancer mais aussi de reculer.
Fermez les yeux, traversez la salle de part en part, lentement, vous avez le droit d'avancer mais aussi de reculer.
Le résultat n'est pas très probant. Malgré la lenteur, la majorité des enfants sont « absents », et malgré mes explications quand à l'image que je désire avoir, ne la comprennent pas. Je me dis donc que je n'ai pas trouvé les bons ressorts pour qu'ils puissent interpréter cette image et la rendre puissante. Qu'ils n'en sont pas encore à « marcher en eux ».
Par deux.
Constituez deux lignes face à face.
Regardez la personne en face de vous.
Posez vos mains sur ses épaules.
Poussez-la / en face, résistez.
Faites-lui simplement traverser l'espace de part en part.
Gardez bien vos yeux plantés dans les siens.
Par deux.
Constituez deux lignes face à face.
Regardez la personne en face de vous.
Ne posez pas vos mains sur ses épaules.
En aucun cas, n’amorcez un quelconque contact physique avec cette personne mais
gardez bien vos yeux plantés dans les siens et
poussez-la / en face, résistez.
Seuls.
Constituez une ligne.
Posez un fantôme devant vous. Visualisez-le. Il a votre taille.
Plantez vos yeux dans les siens.
Ne posez pas vos mains sur ses épaules.
En aucun cas, n’amorcez un quelconque contact physique avec cette personne mais
gardez bien vos yeux plantés dans les siens et
poussez-la / en face, résistez.
Seuls.
Constituez une ligne.
Posez un fantôme devant vous. Visualisez-le. Il a votre taille.
Plantez vos yeux dans les siens.
Ne posez pas vos mains sur ses épaules.
En aucun cas, n’amorcez un quelconque contact physique avec cette personne mais
gardez bien vos yeux plantés dans les siens et
poussez-la / en face, résistez.
Autorisez votre fantôme à vous pousser aussi.
C'en devient quasiment de la science fiction : les yeux crachent des flammes, lancent des lasers. Les corps sont en tension, je vois des épaules remonter, des nuques se figer, des bras se roidir et des poings se fermer. Certains s'arc-boutent légèrement. Il faut certes leur apprendre à lâcher la tension ailleurs que dans les yeux, mais le résultat est probant : j'ai quelques enfants qui passent un quart d'heure dans un état second, les autres les attendent et il faut que je les réveille doucement pour leur expliquer que le jeu a pris fin. C'est maintenant l'excès inverse...
Photo : David Hockney Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) 1972
Thème(s)
Corps et geste
