Narration, dernière partie

Narration, dernière partie

Publié par Manon Menard

Journal du projet

Création en cours, partie 6.

Quand nous avons pris le chemin du retour après notre quatrième semaine (mouvementée !) de résidence, Marion et moi n’avons pas pu nous empêcher de penser que cela allait être la dernière fois à la mi-juin que nous allions revenir dans notre petite école de Saint-Paterne-Racan, avec nos chers quarante-huit enfants. Un brin de nostalgie, certes, mais une motivation supplémentaire pour faire de notre dernière intervention là-bas un souvenir impérissable, pour toutes et tous, avec comme clou du spectacle, notre exposition à l’Abbaye de la Clarté-Dieu. Sans plus attendre, donc, le récit de notre ultime semaine de résidence :

Interlude

Comme à chaque interlude, nous avions de quoi nous occuper une fois rentrées dans nos pénates ! Notamment de parfaire et finaliser LA surprise de l’exposition (mais, puisqu’il s’agit d’une surprise, vous n’en connaîtrez pas la nature avant d’être arrivé.e à la fin de cet article), mais aussi de réaliser les différents éléments constitutifs de la scénographie de l’événement : parterre de papiers peints de dix mètres de longueur, signalétique, mini-guide de l’exposition… reprenant, une fois n’est pas coutume, les formes de nos 48 bambins, pour les faire découper, à une plus grande échelle, sur du bois, en vue de concevoir avec eux des sculptures hybrides ! L’ami Michele, et son atelier de découpe laser Figura Sfondo, n’étaient, là encore, pas loin. À la veille de notre cinquième semaine de résidence, nous étions déjà sur le pont, dans la cour de récréation déserte de l’école élémentaire Pierre Robert, et pour cause : de gros travaux de peinture nous attendaient, ponctués de soleil et d’orages ! Six heures et des courbatures au poignet plus tard, les formes avaient toutes revêtu notre bleu et vert fétiches, prêtes à être assemblées par les enfants. Et nous d’être prêtes à les retrouver, toujours avec ce même entrain !

Le mini-guide l’exposition.

Lundi 11, mardi 12 et mercredi 13 juin, matin

Préparation de l’exposition oblige, cette semaine, au contraire des précédentes, ne prévoyait pas de journée mutualisée. Nous avions en effet décidé de faire des ateliers en cinq groupes, correspondant aux cinq pôles de notre exposition (plus notre pôle à Marion et moi), avec pour objectif que les enfants prennent le temps de constituer la pièce maîtresse de leur mini-scénographie : la sculpture réunissant leurs formes, accompagnée de leurs collages et leurs motifs, réalisés au cours des deux premières semaines de résidence. Un pari audacieux, et pour cause : nous n’avions aucune idée de la façon dont les différents éléments allaient s’imbriquer entre eux, et si les encoches prévues à cet effet allaient correctement remplir leur office. Heureusement que de futur.es ingénieur.es structure et architectes faisaient partie de notre joyeuse troupe !

De très belles compositions ont ainsi pu émerger :

Accompagnées de magnifiques portraits souvenirs de nos marmots, en forme(s) :

D’inédits portraits !

Des mots et présents, tous plus beaux les uns que les autres, ont commencé à pleuvoir aussi, emboîtant le pas de la météo capricieuse du mois de juin : ces enfants auront définitivement allumé des soleils en nous, et nous espérons de tout cœur en avoir fait de même avec eux.

Mercredi 13 juin, après-midi

Sitôt le dernier atelier terminé, nous n’avions pas de temps à perdre, direction l’Abbaye de la Clarté-Dieu, pour avancer un maximum le montage de l’exposition. Une fois sur place, il nous fallait composer avec l’immensité du lieu, et, comme à notre habitude, nous avons dû faire preuve d’ingéniosité afin de trouver des astuces pour gagner du temps et de l’énergie ! À la nuit tombée, nous avions bien avancé, mais il restait encore à peaufiner de menus détails pour l’exposition du lendemain.

Jeudi 14 juin, le jour J

Tandis que Marion s’est attelée dans la matinée à la suite de la préparation, je suis partie chercher à Tours les derniers éléments nécessaires à notre scénographie. Rattrapées par le temps, qui décidément, ne s’est pas arrêté dans cette abbaye, l’exposition a démarré à 15h sur les chapeaux de roue, alors que nous n’avions pas terminé de parfaire les ultimes fignolages !

Sans néanmoins nous laisser abattre, nous avons eu tôt fait d’accueillir les premiers enfants ainsi que le maire de Saint-Paterne-Racan et une correspondante du journal la Nouvelle République, qui nous a fait l’honneur de nous consacrer un joli article à l’occasion de l’événement.

Vues de l’exposition. Photographies © Anton Yourtchouk.

Quelle joie d’observer ainsi les enfants, affublés de leurs T-shirts réalisés lors de la quatrième semaine, montrer avec enthousiasme à leurs parents le fruit de leur travail, et mesurer l’accomplissement de ce dernier, dans cet environnement idéal pour mettre en valeur et clôturer cette superbe expérience !

Vue de l’exposition. Photographie © Anton Yourtchouk.

Comme nous l’avions envisagé Marion et moi, l’exposition était également une dernière occasion de poursuivre les ateliers avec les enfants, auxquels nous avions donc réservé de belles surprises, avec pour commencer des badges, réalisés avec eux et en direct avec les macules de notre séance de marbling, qu’ils ont pu chacun fièrement épingler à leurs T-shirts.

Ayant également scanné et retravaillé leurs productions et les nôtres afin d’en créer de nouvelles, nous leur avions concocté, dans la discrétion la plus totale, les différentes pages d’un livre qu’ils ont pu composer eux-mêmes pendant l’exposition. Nous avons ainsi pu laisser libre court Marion et moi à nos amours respectifs, pour Marion le dessin de caractères, au travers de lettrines (lieu oblige) et enluminures graphiques, tandis que j’ai pu pour ma part m’adonner à l’illustration et faire ainsi émerger de loufoques associations d’idées visuelles, avec un soin tout particulier accordé aux finitions d’encrage (puisqu’imprimé en deux tons directs superposés !) et de papier de l’objet. Point culminant, somme toute, de cette (ces) narration(s), que nous n’avons cessé de questionner tout au long de la résidence, au travers d’un livre pouvant finalement s’incarner sous une infinité de formes, et raconter tout autant d’histoires !

Vendredi 15 juin, les au revoir

Après avoir fini le démontage de l’exposition et fait nos adieux à notre gîte, nous avons pris pour la dernière fois la direction de l’école élémentaire Pierre Robert, avec une ultime surprise pour nos 48 bambins : un diplôme d’artiste accompli, que nous avons décerné à chacun installés en ronde dans la cour de récréation. Puis est arrivé le temps des au revoir, et ni Marion ni moi ne nous attendions à voir la quasi-totalité des enfants pleurer à chaudes larmes, entraînant de fait nos propres sanglots.

Ni l’une ni l’autre n’avions anticipé à quel point cette résidence allait changer profondément nos vies, à quelle point elle nous aura enrichi, autant artistiquement qu’humainement, aussi. Les mots me manquent je crois, alors je vais en rester là.

Merci à nos 48 enfants, Aël, Carl, Célia, Charly, Claire, Clarisse, Corentin, Élisa, Éloïse, Émie, Enzo, Eulalie, Evan H., Evan R., Gabin, Gaëtane, Guillaume, James, Julie, Laly, Laura, Laurine, Lenny, Léo, Lilie, Lily, Lou-Anne, Lucie, Maëlle, Maëlys, Malicia, Margot, Marie-Lou, Maxence B., Maxence L., May-Lynn, Mayleen, Nathaël, Noa, Otis, Romain, Sam, Samara, Tess, Théo, Timéo, Tylia, Zoé.

Merci également à Nathalie, Cécile, à Élise, aux Ateliers Médicis et à Création en cours, à Patrick et Julita Moussette, à Anton, Marine, Catherine, Hélène, à Michele, Freddy, à Isabelle Vignas, à Isabelle Magnan et Arnaud Téry.

Et merci à notre bonne étoile de nous avoir permis de vivre cette inoubliable expérience !