Noms cachés

Noms cachés

Publié par Polina Panassenko

Journal du projet

  « Soit enfin la question : qu'est-ce qui se cherche et s'acquiert, se perd, s'oublie ou laisse trace dans le changement de nom ? » Nicole Lapierre 

Sur l’île de la Désirade, au mois de janvier 2019, j’ai commencé le travail d’écriture et de théâtre intitulé « Habiter son nom » avec deux classes de CM2 et 6ème.

Dans la salle polyvalente du collège Maryse Condé, j’ai rencontré Alexandre, Arnaud-Guillaume, Délyla, Edwin, Émilie, Emma, Eryna, Florian, Gabriel, Hayley, Inès, Justin, Keryan, Léana, Louis, Louise, Malia, Manoah, Mathieu, Mathys, Noémie, Orlane, Richard et Tehani. Eux aussi sont bilingues : créole - français. Ils me parlent des « prénoms cachés », ce qu’on appelle ailleurs « deuxième prénom ». Quand je leur demande s’ils veulent bien dévoiler les leurs, certains soulignent à juste titre que comme leur nom l’indique, ils sont faits pour rester cachés. Argument imparable.

Nous sommes donc partis de ça, de ce qui se joue entre un nom et celui ou celle qui le porte. De la sensation ou absence de sensation physique lorsque le nom est écorché. Ce lien à la syllabe, à la lettre près. De la puissance de celui qui nomme.

Nous avons parlé d’exil, essayé de trouver d’autres exemples que Napoléon, d’en inventer aussi, créer des langues nouvelles. Les échanges en merguezien, grounchia, glomien, lapie, minina et nougisga ont bénéficié d’interprètes, parfois fait l’objet de lexiques. Des contrées nouvelles ont été découvertes. Parmi elles l’île de Glomia, celle de Bémarnaud, le Balagua, le Martijaranne, Shinoville, la Rocolitanousiga, le Rolapin ou encore l’Hammerique.

En partant de leurs propres prénoms, à travers anagrammes et pseudonymes, ils ont créé des personnages de fiction, inventé des histoires qu’ils ont ensuite mises en scène et jouées. À partir de cette rencontre entre le texte et le jeu, ils ont co-écrit deux histoires collectives. Les extraits de leurs récits accompagnés de photos, illustrations et images produites au cours des ateliers ont formé la matière vive de l’édition « Habiter son nom ».