Passerelles #1

Passerelles #1

Publié par Alexandra Lucchesi-Frébault

Journal du projet

Séance inaugurale

Passerelles #1

L'action culturelle me semble être le versant nécessaire de l'acte de création ; c'est une passerelle qui mène au réel et qui réconcilie l'intimité du geste avec la vitalité du monde extérieur. Pour l'heure, je n'ai pas trouvé de plus belle manière d'être interpellée sur ce que je « fabrique » ni de plus joli point de rencontre avec d'autres autour de ce qui m'anime. C'est donc avec un très -très, très- grand enthousiasme que je me suis rendue à Vesoul pour cette séance inaugurale avec les élèves de l'école du Luxembourg. L'enseignante qui a la gentillesse de nous prêter sa salle de classe avait eu le soin de redessiner l'espace en écartant les tables et en laissant un périmètre central propice à la réunion. C'est étonnant de constater comme la réinvention d'un lieu tient à peu de choses ; j'ai aimé cette résonance évidente avec la beauté nue, et rare, du théâtre, capable de convoquer la vie sur scène avec trois fois rien. Et en effet, l'espace nouvellement advenu suffisait à la rencontre. Car c'est bien de cela dont il était question : il me paraissait évident, et nécessaire, qu'une rencontre ait lieu entre les deux classes concernées et moi-même. Aussi, et à la manière détournée d'une carte d'identité, je leur ai proposé de remplir des « cartes de personnalité » , écrites, dessinées librement. Par-delà les informations officielles, l'enjeu pour moi était d'avoir accès à un peu de ce qui les compose en vérité. Passé ce temps de partage, et d'écoute, j'ai exposé les raisons de ma présence ici et les grandes lignes de ce que nous allions vivre ensemble. J'ai eu également le temps de les questionner sur les deux thèmes majeurs qui architecturent Le Roi Gros : le corps et l'obésité. Ce ne sont pas des sujets anodins et pourtant, j'ai été étonnée de l'apparente tranquillité avec laquelle ils ont répondu. Pas de rires, ni de résistance. Simplement l'accueil d'une question et la spontanéité pertinente d'une réponse. J'ai entendu des choses limpides et intelligentes, et cela m'a réjoui. Pour la notion de corps, voici quelques uns des mots qui y ont été associés : Danser- Battement de cœur – Percussions- Colère- Enterrement- Musique- Bruits- Émotions. La poésie évidente - qui traduit un rapport plastique et dépoussiéré au réel- de cette collecte me laisse à penser qu'une collaboration joyeuse et profonde se profile à l'horizon.