Décembre 2019.
La veille j’ai imaginé toutes les options, j’ai aussi mal dormi que si j’avais la première d’un spectacle le lendemain. Le réveil sonne aux aurores. Avec Ninon, nous prenons la voiture direction Montégut dans le Gers.
8h30 : La maîtresse, Geneviève, vient nous ouvrir, avec le sourire. Je sens qu'on va être bien dans cette classe !
Les enfants collent leur visage à la fenêtre. Impatience. La pression monte. Vont-ils adhérer au projet ?
Ici pas de chaussures boueuses, tout le monde est en chaussons. Nous resterons pieds nus pour cette première journée, mais la prochaine fois c’est sûr, nous aussi, nous apporterons nos plus belles pantoufles !
28 enfants, moitié CE1-2 et moitié CM1-2, moitié filles, moitié garçons
Pour le début nous avons choisi de ne pas trop parler mais de se rencontrer à travers des jeux théâtraux : « ya » avec les prénoms, le ballon imaginaire, ...
Petit à petit nos jeux convergent vers notre sujet : la transmission de la couture.
"Vous allez, par groupe de 7, créer une machine imaginaire grâce au mime." Et les voilà parti.e.s ! Le premier fait le dos rond, la tête en bas, c’est le bloc rigide de la machine. La seconde vient se positionner à genoux, elle fait l’aiguille avec son index. Le troisième se place debout derrière et mime la roue qui tourne. La quatrième fait la courroie qui suit la roue. La cinquième vient se positionner à genoux à côté du bloc rigide. Le sixième s’assoit sur le dos de la cinquième et agite son pied. Et que va faire le septième ? Il se jette au sol à plat ventre et se place sous l’aiguille : c’est lui le tissu !
Nous avons sous les yeux une véritable machine à coudre humaine. Et si on la sonorisait à présent ?
Puis, nous nous mettons en cercle, Ninon sort la pelote de laine. C’est comme un bâton de parole. Lorsque vous tenez la pelote, vous pouvez poser une question sur le thème de la couture à l’un de vos camarades et lui lancer la pelote en gardant une partie du fil.
Flavie à Jeanne : Qui coud dans ta famille ?
Jeanne : Ma mamie, elle me coud les pantalons quand j'ai un trou.
Après plusieurs réponses se ressemblant.
Alban à Ninon : On dirait que c'est toujours les filles qui font de la couture.
Ninon : Tu peux demander pourquoi à quelqu'un.
Alban à Antoine : Pourquoi c'est toujours des filles ?
Antoine timidement : Ben... parce qu'elles ont plus le temps.
Elisa outrée chuchote à ses copines : Retenez-moi, retenez-moi où je vais bondir !
Carnet de création
Pour finir la matinée nous mettons un tas de tissus sur la table, ils doivent en sélectionner un chacun avec la consigne « Si j’étais un morceau de tissu, lequel serais-je ? ». Puis nous leur offrons des carnets de création, chacun le leur. Dans lequel ils pourront écrire ce qu’ils veulent... en rapport avec la création. Certains se lancent dans le dessin de la machine à coudre, d’autres écrivent notre prénom pour se souvenir...
L'un d'eux vient de créer, sans le savoir, l'affiche de notre spectacle !
Pause déjeuner loin du bruit et de l’agitation, nous restons dans la classe avec Geneviève et faisons face aux plateaux repas de la cantine : aujourd’hui c’est nuggets végé et carottes vichy.
Puis nous allons visiter la salle des fêtes dans laquelle nous ferons les répétitions. Une salle des sports un peu vétuste dans laquelle la seule partie neuve est un boulodrome pour le club de pétanque, bien classé, de la commune. Gros défi pour notre scénographe !
L’après-midi nous reprenons nos cahiers et nous commençons le questionnaire qui leur servira à interviewer une personne de leur famille pendant les vacances. L’idée est de récolter de la matière pour ensuite écrire des histoires mêlant réalité et fiction. Ces histoires nous serviront de base pour écrire des scènes théâtrales.
Il est 16h, pas de cloches qui sonnent mais des cartables qui se ferment. C’est quand la prochaine fois ? Dans un mois !
Nous sommes à la fois vidées par cette journée et remplies de mille informations que les enfants nous ont données. Nous sommes heureuses.
Maintenant nous devons nous préparer pour rencontrer les parents, ou plutôt les mamans...
Dans la voiture, retour vers Toulouse, la prochaine fois nous resterons une nuit dans le Gers hébergées par une famille. Un moyen pour nous, de rencontrer un peu plus les habitants de cette commune dans laquelle nous allons venir pendant 6 mois.
