Comment se présenter, c'est quoi décrire, et comment décrire celle ou celui qui décrit: les détails.

Première rencontre avec la classe de l'école de Gioux

Publié par Pauline Fremaux

Dans l'espace habituel d'un champ filmé, que les enfants observent chaque jour, quand ils passent près de ceux qui, le matin, sont couverts de gel en cette saison, l'angle de la caméra, le flou et le net, le point de vue, et l'échelle des toutes petites choses rendues grandes et vice versa, font émerger la fiction.

    La première rencontre avec la classe de l 'école de Gioux, qui compte des élèves de CP, CE et CM, me donne très envie de pouvoir commencer le projet, et de m'installer sur place. Nous discutons d'abord, je leur parle de construction, de la construction d'une sorte de grande armoire, courant sur trois ou quatre murs, et basée sur des coulisses, où étagères pour accueillir des objets, mais aussi images, gabarits, formes, lettres, toiles mi transparentes, et en somme le résultat de notre travail collectif, disposés sur des charnières pourront glisser et s'assembler les uns les autres selon nos envies pour raconter des histoires. On parle d'une sorte de partition en relief, fresque composée de divers objets trouvés, rapportés de chez soi, etc, qu'on pourrait lire, et avec laquelle, on pourrait apprendre des choses et comprendre certains aspect du langage, de la parole, et des récits.

    Je me demande ce qu'ils comprennent quand on dit « image », et c'est à propos de cela qu'on travaillera plus tard. Je leur montre un peu mon travail, et un ensemble d'extraits courts de films, où peut être quelque chose semble s'être passé, ou se passe bientôt, sans qu'on sache trop quoi. Les atmosphères peuvent être mystérieuses, et même si parfois ce sont de simples promenades que font les personnages, les enfants me disent qu'ils remarquent que les promeneurs ont l'air préoccupés, et la fiction se déroule dans leurs têtes, de détail en détail comme autant de preuves. « Le cheval, il a volé le cheval, il attend qu'on vienne lui reprendre », « elle est poursuivie », « ces fleurs ont été empoisonnées » ; dans l'espace habituel d'un champ filmé, que les enfants observent chaque jour, quand ils passent près de ceux qui, le matin, sont couverts de gel en cette saison, l'angle de la caméra, le flou et le net, le point de vue, et l'échelle des toutes petites choses rendues grandes et vice versa, font émerger la fiction.

    Les enfants le voient bien, et on commence à parler de ce qui aurait pu arriver, sans décider de qui aurait bien vu, et qui se serait trompé : assez rapidement, on parle donc de ce qu'on regarde, et de comment on le regarde. J'espère que nous pourrons vite travailler à la construction de petites structures en bois, qui permettraient d'y poser le menton ou la main : structures pour regarder ou pour prendre des images, entrer en contact avec des objets, selon des hauteurs inhabituelles, celle d'un animal, par exemple. Je propose aux enfants pour notre prochaine rencontre, le début du projet, de venir à l'école avec un objet de leur choix, qui est important pour eux, et à partir duquel ils pourraient me raconter une histoire.