Récitations ornithologiques 2

Récitations ornithologiques 2

Publié par Guillaume Hermen

Journal du projet

Mettre en voix le choc de la rencontre entre partition, langage humain, calligraphie et chant d’oiseau

Dans ce projet ornithologique, les étapes de réalisation se sont tellement multipliées que les enfants et moi-même finissons par lâcher prise avec l’origine de nos travaux et la ligne d’arrivée. Nous ne pouvions pas être plus immergés dans l’Infiniment Rythme : prenant pour matière première les finesses rythmiques et mélodiques de chants d’oiseaux, nous nous sommes plongés dans la création à travers des actions successives nous proposant chaque fois de nouveaux horizons, comme si l’on suivait avec plaisir des chemins inattendus qui ne finissent jamais.

Lorsque les enfants terminent l’écriture de leurs Récitations ornithologiques, ils posent leurs crayons comme à la fin d’un exercice sur le cahier du jour et n’ont pas l’air d’avoir conscience de l’accomplissement de leurs exploits : ils ont composé de la musique, sans le savoir. Nous nous retrouvons avec 5 nouvelles partitions originales entre les mains mais, à la différence des précédentes, nous allons devoir rendre vivantes ces dernières par leur interprétation. Sans jamais perdre « d’ouïe » les chants originaux des oiseaux, nous avons pour mission maintenant de laisser filer notre regard sur les traces calligraphiques réalisées en tentant de connecter directement nos cordes vocales à chaque signe, mouvement et trait des Récitations ornithologiques.

Tour à tour, je viens chercher chaque équipe-oiseaux composée chacune de 4 élèves et les invite à me rejoindre en salle polyvalente : surprise, la grande voûte de pierres qui accueille habituellement les chaises et les tables pliantes des fêtes du village s’est transformée en studio de radio. Ce nouveau décor provoque chez les enfants une certaine bouffée d’émerveillement et en même temps les impressionne et les contient dans un calme respect nécessaire au bon déroulement de nos prises de sons. Chaque élève se place derrière un micro et après quelques consignes et essais techniques, la séance peut commencer. Partitions en mains, nous commençons toujours par écouter le fragment de chant d’oiseau que nous nous apprêtons à imiter puis après une lecture, nous tentons de fondre les mots écrits dans les mouvements sonores que nous venons de percevoir. Tous ensemble d’abord, pour se donner du courage, pour s’entraîner sereinement sans qu’aucun jugement ne puisse faire surface. Ensuite, nous entamons comme une partie de « ping-pong-diction » entre chaque enfant et moi-même : je dis, il dit, j’oriente par le geste, il dit à nouveau, je corrige encore, il prononce avec plus d’application. Ce face à face ne laisse pas une seconde de libre à l’enfant pour tourner l’œil vers les copains et douter ; dans l’axe du micro, il donne de la voix. Quelques fois, la langue fourche, la gorge dérape, les sons du mot s’inversent, et c’est la crise de rire générale… Tant mieux ! Cette précieuse énergie représente de l’or face à un microphone. Puis je passe à un autre élève, et le match reprend…et ainsi de suite. On s’applique, euphoriques.