On commence

Scénographie potentielle (avec les enfants)

Publié par Alix Boillot

Journal du projet

Le bleu, c'est la forêt

Durant les premières semaines, j'ai filmé les enfants individuellement. "Fais semblant de rire, de pleurer, de te mettre en colère. Fais comme si la caméra, c'était un copain à toi. Fais comme si tu étais un adulte." Le "faire semblant", que je croyais inné, et à la portée de tous les enfants, s'est révélé être beaucoup plus aléatoire que prévu. C'est cette inégalité qui est devenue intéressante. Arrivés au théâtre, les formes bleues abstraites sont devenues des supports de projection pour l'imaginaire des enfants. La seule façon de leurs donner vie était de jouer avec, de projeter sur elles des images, des situations. Au départ, c'était aux enfants de nommer les formes : un ballon de foot, un cactus, une glace, etc. Se sont invités sur le plateau. Naturellement, les enfants ont voulu passer avec leurs copains, à quatre ou cinq. Chaque groupe a ainsi pris le temps de composer une histoire, avec pour contrainte d'utiliser l'ensemble des formes bleues. Ils se sont immédiatement emparés de ces objets, comme de vrais éléments de scénographie. Le bleu est devenu une rivière, des œuvres d'art, des animaux, etc. Les jours suivant, c'est moi qui nommait les formes, afin d'avoir des actions avec tous les enfants, et des mouvements d'ensemble. "Le bleu c'est la forêt, cachez-vous derrière les arbres", "Vous êtes dans une exposition, le bleu c'est des sculptures", "Le musée a fermé, un par un, vous venez voler une œuvre", "Le bleu, c'est une météorite", etc. Peu à peu, ils ont délaissé leur gêne et se sont pris au jeu.

Fin du projet

J'ai réalisé un montage de 30 minutes de toutes les expérimentations faites avec les enfants. Cette vidéo était destinée à être montrée aux parents : fin juin, je suis revenue leurs présenter le projet. La plupart des parents étaient très impressionnés par le talents de certains enfants, d'autres par l'écart de la capacité à jouer le jeu entre les enfants, et enfin, certains semblaient assez perplexes face à ce travail. Je suis repartie avec 23 cartes, une par enfant, dans lesquelles chacun me remerciait de leur avoir fait travailler leur imaginaire. Je leurs avais dit, lors de ma dernière semaine d'intervention, à quel point j'avais été étonnée qu'ils aient, pour la plupart, si peu d'imagination. J'avais ajouté que je soupçonnais les jeux vidéos et la télévision d'être à l'origine de leur imaginaire atrophié.

Le bleu, c'est des météorites qui arrivent sur Terre
Le bleu, c'est des météorites qui arrivent sur Terre
Montage en cours
Montage en cours