"L'inspecteur des contes"

Traces

Publié par Camille Le Jeune

Journal du projet

Traverser les contes de Luzel, avec les élèves, c'est imaginer ensemble un décor, un contexte. Nous retournons sur les pas de nos ancêtres, de ceux qui étaient là bien avant nous. Ces contes nous sont comme une porte d'accès à ce passé qui semble si lointain. Fiction et réalité se frottent et c'est ce frottement, ce rapport qui m'intéresse de voir à travers les yeux des élèves.

De façon informelle, c'est-à-dire quand nous sommes tous assis en cercle et que chacun se passe la parole, ou rebondit à mes questions, j'observe que les élèves se souviennent très bien des contes que je leur ai racontés, et garde une simplicité à raconter eux aussi les différentes péripéties.

En revanche, dès que le rapport à la scène et au public (leurs camarades) s'installe, cette simplicité s'efface et la confiance en eux et en leur mémoire diminue.

Nous avons traversé plusieurs propositions pour nous raconter les histoires.

Voici un exemple d'improvisation travaillée dans laquelle j'avais abordé pour la première fois, ensemble, la notion de quatrième mur et la question du par cœur :

 

L'inspecteur des contes reçoit à son bureau deux inventeurs de conte. Ces derniers lui font part du chef-d'oeuvre qu'ils viennent d'imaginer ensemble. Leur but est de convaincre l'inspecteur que leur conte a toute sa place dans le Grand livre des contes. Le but de l'inspecteur est de filtrer les histoires, en posant des questions aux conteurs.

 

Chaque élève, en fonction de son rôle, avait une phrase apprise par cœur qu'il devait glisser dans cette improvisation.

Le but étant de duper les spectateurs pour que ces derniers ne se rendent compte de rien et ne puissent distinguer le texte par cœur du texte improvisé. Certains élèves se sont appuyés sur l'exercice du Faussaire, traversé auparavant, pour venir à bout de l'exercice.

Dans cette improvisation, le rapport aux mots est très présent, mais aussi l'adresse. Ici, les élèves adressent leur histoire à une seule personne, leur partenaire de jeu. Raconter une histoire devient alors quelque chose de plus concret.

Les questions posées par l'inspecteur étaient à la fois dramaturgiques (si l'inventeur de conte avait oublié un élément important à la cohérence de son récit, le rôle de l'inspecteur était de le souligner) et historique (comme il s'agissait des contes de Luzel, XIXè siècle, que nous avions vu ensemble, l'inspecteur pouvait poser des questions très pragmatiques sur la vie des personnages, et pousser l'inventeur à trouver des réponses)

Au cœur de cette improvisation: l'écoute, une qualité essentielle.