rivière

Transformer une salle d’exposition en un lieu où tout est possible

Publié par Charlène Dominguez

Journal du projet
Arts visuels Photographie Scénographie, Peinture

Cette deuxième semaine de résidence sera axée autour de l’anamorphose et de son pouvoir de créer une illusion qui trompe l’œil du spectateur. Mais avant que la magie opère, il faut déjà plonger le public dans un environnement propice à croire en ce qu’on lui raconte.

Pour que ce public soit enthousiaste à l’idée de faire un effort d’imagination, nous devons d’abord faire cet effort nous-même, et poser le cadre qui servira de décor à nos images/objets.

 

 

Téléporter les objets d’un endroit à un autre

« Si on transposait vos objets dans un lieu de votre choix, ce serait lequel? Et pourquoi? »

Remettre son piano dans une salle de musique, son hippocampe en plâtre dans un aquarium… pour beaucoup, il s’agit de donner vie aux objets.

D’autres leur donnent carrément une dimension humaine, comme le Panda de Marylou qui attend sur banc, en hauteur pour ne pas être déranger par les animaux qui passent.

Pour Ethan, c’est plus le moment que le lieu qui compte. Il souhaite que l’on plonge dans la période des fêtes de Noël, et on peut comprendre pourquoi: c’est vrai que c’est le temps pendant lequel les souhaits sont exaucés et tout le monde animé par un même imaginaire collectif.

Comme nous avions commencé à le faire lors de la dernière séance, il faut maintenant trouver un emplacement dans la Micro-Folie qui pourrait, avec une touche de créativité, ressembler à ce lieu idéal. Après avoir dessiné leurs objets dans le contexte de leurs chez eux durant notre première séance, les enfants doivent maintenant imaginer un le contexte idéal pour ces objets.

Métamorphoser les objets en images

On aborde ensuite une notion nouvelle, qui donne une autre dimension au projet: celle de l’image/objet. Parce que non, les objets des enfants ne seront pas exposés!

A la déception première suit le soulagement lorsque je leur explique ce que cela implique d’exposer des objets de valeur:

  • les mettre sous vitrine pour les protéger de la casse et du vol
  • créer une mise à distance, souvent des petites barrières, pour pas que le public ne s’approche trop
  • ne pas exposer les objets dehors, car le parc n’est pas surveillé la nuit
  • laisser les objets dans l’espace d’exposition pendant tout le montage et la durée de l’exposition

La plupart d’entre eux ne se voient pas passer plusieurs jours sans leur objet fétiche, et encore moins prendre le risque de les voir disparaître!

En plus de cela, les contraintes liées à la sécurisation des objets peuvent être un gros frein à l’imaginaire. Socles, vitrines, barrières et lignes de mise à distance au sol créent un fossé avec le public, et renvoient trop à l’esthétique du musée pour raconter une histoire.

Alors bien sûr, dans mon travail de scénographie, le but est souvent de faire oublier ces éléments. Mais ici, nous ferons le choix de s’en libérer, en ne travaillant qu’en image. Nous voulons que le public puisse s’approcher, toucher, tourner autour, trébucher sans avoir peur de tout casser.

Ces images, il leur faudra trouver leurs supports. Pour cela, lors de notre visite à la Micro-Folie, nous prenons des photos de chaque espace qui sera rempli par les images, et je laisse chacun m’indiquer par le dessin la position de celles-ci, en esquissant des éléments de contexte: socle, décor, lumière...