Heimatpolis est une proposition qui envisage l’investigation comme œuvre d’art. Heimatpolis est un néologisme, qui définirait la vie de la cité que je reconnais ontologiquement comme ma maison. Heimat est un mot allemand intraduisible en français, il désigne à la fois le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, mais aussi sa maison d'enfance ou celle où l’on est chez soi. Heimatpolis n'a pas de forme définie, chacun la réinvente à chaque moment de sa vie. Elle a la forme du souvenir. Pourtant à Heimatpolis, les gens vivent ensemble au sein d'un écosystème partagé : la Polis, ils y trouvent des gestes, des actions, des structures communes dans le présent. La notion de communauté est au cœur du travail plastique de Laura, et elle s'attachera à définir et matérialiser Heimatpolis, créant avec les élèves les communs de ce lieu. Angelica, elle, s'attachera à donner une forme au souvenir de ce travail commun, dans un livre, car le livre est fait pour être lu seul mais partagé par tous.
Si le mot politique renvoie aujourd’hui à la vie d’une nation ou d’un ensemble de nations, il vient à l’origine de "polis" ou cité et signifie « la vie dans la cité ». Nous partirons à la recherche des communs, de ces objets, choses, actions, structures qui constituent des ressources partagées. Les communs ont des règles, des codes qui régissent leur partage. Notre enquête s’intéressera au matériel (urbanisme/architecture) aussi bien qu’à l’immatériel. Nous nous concentrerons sur tout ce qui est mis en œuvre par ses habitants pour vivre ensemble et échange qui sera le cœur du projet. Cette résidence débutera par une phase d’exploration de l’espace habité environnant avec les élèves, nous permettant de nous saisir de ses dynamiques en faisant cohabiter nos perspectives. Nous pourrons ainsi observer les relations de voisinages, débusquer les associations locales et leurs terrains d’activités, les actions de la mairie, les initiatives citoyennes, etc. Pour Laura, ce sera l’occasion de se familiariser avec la ville et ses habitants qu’elle découvrira. Ce sera l’occasion de rencontrer certains d’entre eux, que ce soit des rencontres fortuites ou préméditées, pour connaître leur définition de la communauté, de la convivialité et ce qui fait en fait le ciment. Par extension amener les enfants à réfléchir sur ce que sont des habitudes, les repères et l’espace quotidien. Des gestes qui définissent un rapport au foyer, à la maison, au Heimat. L’intention ne sera pas de trouver une définition juste mais plutôt à travers cet ensemble de voix d’en dessiner les contours. Nous attaquant à l’impalpable nous n’aurons pas prétention à le saisir fermement mais plutôt pointer dans sa direction. Pour aller ensuite plus loin et ne pas se placer seulement en spectateur, la deuxième phase du projet appellera alors notre inventivité, notre ingéniosité et notre sens de l’observation précédemment acquis, pour créer des événements en adéquation avec les envies ou les besoins des élèves et des habitants. Ces événements seront alors une raison pour se retrouver tous ensemble et faire œuvre commune en joignant nos forces dans un moment convivial. Ce projet s’ancre dans des références communes, on peut alors penser en écho des œuvres liées à l'esthétique relationnelle des années 90, et notamment nombre d’œuvres de l’artiste Rirkrit Tiravanija, qui avaient pour but de réunir des individus autour d’un repas. Ces moments auront pour ambition de construire l’histoire d’Heimatpolis au sein de cet espace géographique qui nous reçoit. La phase de recherche comme base, nous veillerons ainsi à ce que cet enseignement soit mis à profit. Cette phase II sera pensée comme un laboratoire à convivialité. Enfin pour conclure ce projet nous proposons la réalisation d’une édition qui rendrait compte de cette exploration de la fiction construite autour d'Heimatpolis. Au-delà de créer un objet souvenir, il s’agira d’aborder avec les enfants l’intérêt de garder des traces et d’archiver. De plus, en posant des mots et des images sur du papier, on inscrit son empreinte à un endroit, c’est ce que l’on peut nommer “faire histoire”. La jeune histoire d’Heimatpolis sera ainsi contenue entre les pages de cette édition. Quant à la présence des artistes auprès des enfants, Angelica se trouvant actuellement en Suède, elle participera d’abord au projet de manière virtuelle, et assurera ensuite lors d’un workshop la réalisation de l’édition. Laura se chargera du suivi et de la transmission sur place. Elle sera présente dans l’établissement tout au long des trois phases du projet et assurera la recherche et la création avec les élèves. De plus, lors des premières séances, sera mis en place un protocole pour entamer un échange épistolaire entre les élèves et Angelica pour qu’ils puissent lui transmettre les informations et documents nécessaire à la réalisation de l’édition. Ainsi il pourra être abordé avec eux des notions sur l’archivage, le journalisme - pour rendre compte des événements, et la création d’une édition. Il pourra également être envisagé d’organiser des vidéoconférences à des moments clefs du projet.
Ardèche
Par le(s) artiste(s)
Par les participants