La petite robe bleue est un solo performatif et fictif qui raconte l’histoire d’une gamine qui fuit son rang. Elle le fuit pour ses rêves, elle le fuit contre la honte et parce qu’elle a décidé de vivre, peu importe les embuches.
Née en 1991, cette enfant deviendra femme en traversant plusieurs épreuves. Elle est persuadée de ne pas être née à la bonne place et elle n'a qu'une idée en tête: PARTIR !
Elle veut fuir parce qu'elle a honte de son milieu, de ses parents, de cette langue qu'elle entend, de son corps. L'ennui l'habite. Le temps ne passe pas. Elle attend sa nouvelle vie.
Les raisons qui m’ont poussée à faire ce projet sont vastes, parfois noires, parfois nobles. Peut être est-ce une rédemption ? Mais aujourd’hui, La petite robe bleue me parait une urgence, une nécessité.
Je suis la fille du Garde-Champêtre. Et comme tout garde-champêtre, mon père est doté d’un képi. Dans mes souvenirs, il était heureux de montrer la photo qu’il y avait à l’intérieur : une photo de moi portant une petite robe bleue. Quelle honte j’avais quand il la montrait puisqu'il montrait à tout le monde un moment intime de notre vie dont j'avais honte….
J’ai grandi dans une campagne reculée au fin fond du Berry, situé sur la diagonale du vide.
Petite-fille d’agriculteurs et fille de garde-champêtre, j’aspirais à de grands rêves, la ville, l'élégance, la culture .
J’ai fait des études et je suis partie.
Loin.
Je fus la première de ma famille à obtenir mon Baccalauréat; j’acquerrais ma liberté et le droit de fuir mon environnement.
Honte de venir ce milieu modeste, je me suis créé une nouvelle vie et j’ai dû apprendre de nouveaux codes.
Une deuxième naissance loin des miens.
"La Place" d’Annie Ernaux a ouvert une porte en moi, elle a réussi à mettre chaque mot sur chaque maux ; un travail sur mon milieu social et les questionnements qui ont été les miens .
Ce fut une première libération.
Suite à ça, je n’avais plus honte d’avoir honte. J’avais juste honte.
Puis d’autres lectures sont arrivées, toutes déculpabilisantes. J’ai pu enfin me construire et comprendre ce qui m’empêchait d’avancer.
Soucieuse de toujours vouloir être la plus honnête possible dans mon travail, je me sens dotée d’une responsabilité; celle de témoigner de ma classe.
Le théâtre me permet d’agir, de prendre la parole, ou plutôt de la donner.
La distance, l'idée d'une distorsion du propos, l'humour, la tendresse, la générosité sont importants pour cette création. Je tente de créer une forme performative mais théâtrale.
Pour se faire, j'ai également mené une cinquantaine de témoignages sur la région Centre. J'ai voulu interroger ceux qui étaient restés. Est-ce un choix ? Une envie ? Une contrainte ?
Soucieuse de vouloir décloisonner le théâtre, je souhaite jouer en zone rurale également. La forme voulue sera donc facilement transportable et tout terrain.
Le projet est porté par la compagnie Maintenant ou Jamais qui dessine sa lignée artistique avec ce premier projet.
Par le(s) artiste(s)