Nourrissant un intérêt commun pour les paysages naturels et la campagne, Emma Alizarine et Anaïs Leroy ont imaginé une collaboration. A partir du Polymorphe, un espace-objet créé par Emma, est né le projet commun d’une performance initié par Anaïs, proposant aux enfants des localités de devenir interprètes de leur environnement.
Le projet s’articule sur deux axes : magnifier le regard et l’interprétation de l’enfant sur les paysages qui l’entourent, et créer une mythologie basée sur le quotidien rural. L’expérience du territoire et le ressenti des enfants deviendra dans ce cadre, la matière première de la création. Dans un dialogue entre leurs pratiques, les deux artistes proposent un jeu entre performance, objet-actants et espace, contextualisé par l’activation du module Polymorphe. En un petit laboratoire et espace de workshop, le module accueillera une création dont la performance finale sera la somme de l’expérience vécue et partagée avec les élèves.
Les paysages mystifiés est une invitation d’Emma Alizarine à Anaïs Leroy, à créer une performance collaborative sur le thème des paysages et ses mythologies dans le cadre du projet Polymorphe. Espace-objet, de transmission et d’expérimentation, de 3x4m2 au sol. La structure curatoriale et plastique, est conçue pour y engager des collaborations et inviter d’autres projets.
Emma et Anaïs cherchent toutes deux à investir des terrains de création détachés des lieux traditionnels de monstration et à ouvrir les territoires de l’art.
Après une période de plusieurs années d’itinérance, Emma s’est établie en Lozère, où elle désire participer à la vie culturelle en formation. De son côté Anaïs développe, de longue date, une recherche sur le paysage et désire travailler en décors naturels.
Les deux artistes entretiennent également le désir commun de partager et rendre accessible l’art à des publics différents.
Lors de cette collaboration, nous réaliserons un projet de performance en zone rurale et profiterons de la possibilité d’itinérance de la plateforme pour investir des paysages naturels devenant décors. Cours d’eaux, prairies, boisements, forêts, étangs, lacs, montagnes sont autant de décors vivants dans lesquels ancrer notre propos et questionner l’usage et les activités qui s’y déroulent. Ainsi nous développerons avec le groupe d’élèves une relecture onirique du quotidien en territoire rural. L’objectif de cette performance, en sus de créer une très belle installation plastique, se fera récit du monde qui les entoure via la personnification de leur environnement.
Anaïs et Emma s’intéressent à un paysage mystifié, poétisé, magnifié : le paysage comme un tout cohérent, la cohabitation d’une multiplicité d’éléments, empreint toutefois de l’activité humaine.
Dans un monde expliqué par la science et le rationnel, nous proposons un basculement de regard sur le paysage en zone rurale pour y retrouver un imaginaire dans lequel chaque détail a un rôle qui lui est propre, devient un symbole. A l’instar de mythologies polythéistes ou de croyances animistes, nous voulons voir les constituants de l’environnement que nous aurons choisi, s’éveiller une vie propre; et par nos pratiques développer une interprétation imaginaire du paysage.
Depuis la nuit des temps, les mythes expliquent le monde en trouvant dans la nature l’expression de sentiments, d’attitudes, d’actions qui reflètent nos modes de vies, nos psychologies et nos sociétés : le printemps, les champs, les guerres, les ouragans… tout était affaires divines, mais affaires de ménages, de jalousies, de passions, de deuil, d’amour.
C’est une mythologie remise au goût du jour et réinventée que nous désirons créer avec les enfants, qui leur corresponde, basée sur leur quotidien et leur environnement.
Sur ce concept, nous inviterons le groupe de recherche à penser le paysage différemment, à le percevoir transformé par leur imaginaire.
L’idée derrière le travail d’imagination est de rendre vivant leur environnement en tant que reflet de leur quotidien : Si pour les anciens la montagne était le sein d’une déesse endormie, ou un croc sortant de la terre, à quoi serait de nos jours associés les éléments d’un paysage dans le quotidien d’un enfant ?
Le groupe sera amené vers la constitution collective de figures mythologiques personnifiées, en partant de leur individualité et singularité d’enfants vivants en zone rurale. Animisme, croyances païennes, culture de l’enfance, exploration des rituels quotidiens, nous piocherons dans ces champs pour constituer notre matière première et amorcer une recherche chorégraphique autour des figures créés. Nous proposons que ces figures soient inventées à leur image mais en puissance, exponentielle et démultipliée. D’imaginer leurs avatars au sens premier d’ «incarnation» et l’environnement imaginaire dans lequel les faire exister sous forme d’installation plastique.
Nous travaillerons ensuite sur le développement performatif du concept : Etre et exister au sein d’un paysage, être et exister au sein d’une mythologie. En effet, c’est en partant de l’impact de l’imaginaire sur leur comportement face à l’environnement, que nous tirerons la substance pour introduire le mouvement dans le décor. En commençant la sensibilisation à l’espace par la pratique du tableau vivant, les enfants seront, pas à pas, amenés à concevoir les protocoles de performance que nous introduiront comme les règles du jeu de leur mythologie.
Nous proposerons un cadre d’expérimentation plastique par le biais de la performance. Nous travaillerons, successivement, et via de nombreux exercices physiques et collectifs, à imaginer les figures interprétées par les élèves et concevoir les éléments de la mise en scène.
Les décors, lumières et objets de performance seront inspirés par l’observation du milieu naturel environnant, les figures mythologiques puiseront dans le quotidien singulier des élèves.
Le récit sera écrit à partir de l’ensemble des temps de recherches et de discussion avec le groupe.
Dans une logique de co-création, nous proposerons un cadre de travail où la participation des enfants est essentielle pour produire la matière première de la performance. Ils seront à la fois partie prenante dans la méthodologie au travers de l’expérimentation en performance mais également force de proposition. Nous établirons un cadre d’expérimentation interactif, source d’échange entre artistes, mais aussi avec les enfants.
Le projet final prendra la forme d’un très beau tableau-vivant : une installation plastique sur le Polymorphe représentant un paysage imaginé par les enfants pour leurs figures mythologiques. La performance sera l’occasion d’activer les différents termes du tableau.
Ardèche
Par le(s) artiste(s)