Le projet « Premier Souffle » propose la fabrication d'une structure gonflable avec les enfants de l'école de résidence. Il s'agira de mettre en forme un système avec lequel les enfants pourront entrer en interaction. L'atelier de réalisation arrivera après une phase de recherche formelle et cinétique préparatoire. Le résultat sera une structure de l'ordre de 60 m2 à l'intérieur de laquelle les enfants pourront évoluer. Cette résidence sera pour nous l'occasion de tester une nouvelle forme de réactivité de gonflables, de mettre en place des stratégies en terme de matériaux et d'assemblages pour être le plus propre et le plus pérenne possible. Pour les enfants, cette création sera l'occasion de découvrir l'architecture gonflable, de dessiner et construire à grande échelle une structure dans laquelle ils pourront par la suite entrer, dans laquelle ils pourront jouer, évoluer, préparer une présentation.
Toute matière implique une cinétique (un mouvement), de la plus petite à la plus grande échelle, de part des réactions chimiques et physiques. Cette cinétique est généralement considérée comme une contrainte à pré-évaluer plutôt que comme une potentialité à explorer. La penser en termes de contrainte, met au centre des préoccupations le bâtiment comme un élément durable, capable de maintenir ses propriétés face aux intempéries et conditions environnementales. Nous proposons via "création en cours" une approche opposée, pour laquelle, d’une part, le caractère éphémère de la structure n’est plus considérée comme problématique, et d’autre part, le mouvement est une propriété recherchée. Cette approche de l’architecture comme un ensemble vivant a souvent comme objectif celui de proposer un système économique et énergétique alternatif. Elle cherche à offrir un gain lors de sa fabrication, mais aussi dans sa durabilité, de degré supérieur aux constructions modernes. Cette hypothèse se développe par comparaison avec des systèmes naturels, comme la végétation, qui possèdent des automatismes liés à leur développement leur permettant de s’adapter à leur environnement : morphogenèse, structure de la matière, réactivité, adaptation, croissance et même régénération, automatismes qui optimisent leur croissance. Une architecture gonflée est maintenue en état d’équilibre par l’apport continu d’un différentiel de pression au moyen d’une soufflerie. Celle-ci fait finalement office de cœur pour le corps vivant qu’est la structure gonflable. De même que l’organe, tout s’écroule quand il s’arrête, et de même que l’organe, il lui faut s’adapter quand l’architecture est en difficulté (tempête, chutes de neige ...). Cette réactivité de l’architecture gonflée a mené, au moment de son grand essor dans les années 1970, à beaucoup d’utopies. Un grand nombre d’architectes, comme Archigram ou Ant Farm imaginent ainsi pouvoir adapter l’architecture aux utilisateurs. Cette adaptativité de l’architecture fait proposer à Hans Hollein un bureau qui peut n’être plus qu’une bulle dans un champ, comme une extension du corps. Il réduit son architecture jusqu’à la prise d’une pilule permettant de s’adapter aux modulations de l’environnement. Mais ce genre de considérations fictionnelles qui a marqué tout le long de l’histoire des gonflables n’a jamais été réellement expérimentée et est majoritairement resté à l’état de dessin. Il relève de notre démarche artistique de réaliser ces utopies des années 70 en les réactualisant par l'alliance de la structure gonflable et de la notion d'architecture réactive et dynamique.
Gers
Par le(s) artiste(s)