"Provisoire" est un spectacle de cirque avec Anahi, contorsionniste au cerceau aérien et Iorhanne au trapèze Washington et équilibre/mouvement. Nous sommes les deux protagonistes et les deux auteures et nous nous questionnons. A l’heure où l’information circule plus vite que son ombre et où le fait de savoir remplace l’envie de comprendre, nous nous interrogeons sur ce qu’est le vrai. Sur le pouvoir du point de vue et son importance. Notre cheval de bataille est de mettre en relief les petites choses, d’admettre que le sensationnel peut être immobile et de mettre en lumière l’importance du point de vue : par où regardons-nous les choses et comment cela influe-t-il sur la lecture que l’on en a. Nous partons à la recherche de procédés narratifs et dramaturgiques afin d’écrire une pièce qui s’efforce de raconter différemment une même chose, de jouer avec l’espace-temps, d’embellir la simplicité et de douter du réel.
provisoire et un chantier ambitieux. C'est avant tout un spectacle vivant, on rira sans doute, on frémira car c'est du cirque que l'une d'entre nous se balancera sur la tête à plusieurs mètres du sol et qu'une autre se tordra jusqu’à ce que l'on perde la notion du réel. Mais c'est aussi une réflexion, une interrogation et l'évocation d'une inquiétude. Une sirène d'alarme à notre échelle. En effet nous sommes très inquiètes du flux d'informations auxquels nous avons accès et qui est un trésor et qui pourtant prend des allures de poison. Alors nous questionnerons la notion du vrai. Nous cherchons une distorsion, celle des corps, du temps et du visible. Nous sommes accompagnées pour ce projet de Marie Mifsude. Son corps contient un trésor, une voix. Parfois audible parfois visible, elle chante, narre, ponctue. Entre objet et personnage, sa place dans « Provisoire » s’éclaircira au fil du spectacle. Est-elle vraiment là? Est-ce vraiment elle? Elle est le fil conducteur, un des axe de lecture. Sur scène il y aura un vieux rétro projecteur d'école, outil magistral au multiple possibilité aussi bien pratique que ésotérique en terme de création lumière. C'est grâce à lui que nous ferons dérouler l'action, que nous passerons d'un chapitre à l'autre. Un poisson dans son bocal qui, nous l'espérons nous fera l'honneur de tourner en rond, chose dont personne n'est immunisé. Une machine à coudre pour habiller notre cantatrice avec quelques bouts de tissus pour créer une nouvelle silhouette, changer tout d'un coup de projecteur, créer des ombres. Un trapèze Washington qui monte, descend, balance et se déstructure. Trois cerceaux aérien, pour voir une même chose de différents points de vue une cafetière une bouilloire un chronomètre du sucre. et une chanteuse à roulette. "Provisoire" sera un spectacle en pièces détachées, un puzzle qui prend sens petit à petit, ou qui le perd au fur et à mesure… "Provisoire" est composé de plusieurs scénettes. On change d'ambiance, d’époque, d’orientation dans l'espace, d’altitude, d'esthétique, le beau est assumé aussi bien que le laid. La matière tant gestuelle que palpable s’agglutine, disparaît. On alterne entre mouvance et immobilité, torsion et raideur, silence et bruit. car Anahi et Iorhanne sont circassiennes. Elles ont placées leur corps au centre de leur travail explorant ses limites et le sens que les gestes et les positions peuvent avoir. Ne pouvant se contenter d’être un corps mouvant, elles se sont appliquées à aiguiser leur sens de la narration. Elles parlent, racontent, avec leur voix ou empruntent celle d’autres sous forme de bande son. Elles jouent avec des objets, leur offrant une vie d’acteur, créent des situations, s'en amusent. Leurs partenaires sont des objets métalliques (un cerceau et un trapèze Washington). Dans "Provisoire (titre définitif)", Iorhanne revisite et déstructure le trapèze Washington, ce drôle d’agrès et assez inconnu. Il n’est plus juste une balançoire colossale pour humain renversé. Elle lui fait parfois quitter les grandes hauteurs pour frôler le sol, voire s'écraser. Elle explore ses cordes, elle désolidarise la gauche de la droite. Il devient l’expression d’une rectitude qui défaille, d’une solidité qui s'effrite. Un système qui s'effondre. Alors elle amadoue cette chose mouvante qui monte et qui descend, dompte ce monstre de métal que l’on pourrait croire vivant. Au sol elle poursuit son travail d’alliance du mouvement et des équilibres, persévère dans la discipline d’équilibre pour créer des espaces de liberté, pour trouver un corps souple et mou, sans contrainte musculaire, une fluidité entre le sol et la suspension renversée. Anahi a pour partenaire un cerceau en fer d’un mètre de diamètre qui monte, pendule, chute et tourne. Dans cet agrès, Anahi se trace un chemin corporel avec une logique qui lui est propre. Dans ce chemin de fer elle développe un état de corps qui échappe aux contraintes imposées par la normalité. Sous une lumière blanche elle se transforme. Plusieurs aspects deviennent évidents, clairement tendres ou lisiblement cruels. Anahi développe avec son corps un langage singulier empruntant les codes de la contorsion, obligeant le spectateur qui est victime d’une illusion d’optique à se questionner sur la réalité des images qu’elle exprime. Comment mettre des mots sur des images troubles? On fait parfois entrer une chanteuse de la même manière que l’on allume le transistor, alors elle reste là où on l'a mise dans ses belles robes, tantôt rouges, bleues ou jaunes. Sagement elle accompagne la scène. Combien de robes verrons-nous défiler avant que la diva ne se lasse d’être un objet?
Aube
Par le(s) artiste(s)
Par les participants