Terre meuble

Terre meuble est le prolongement de l’action menée sur le territoire breton depuis près de sept ans. Durant cette période, j’ai développé un vocabulaire formel basé sur une série d’expérimentations autour de matières prélevées localement (noisetiers, argile, algues, sel…). Ce cheminement s’est également déroulé autour d’une réflexion théorique qui fût, notamment, à l’origine de la rédaction d’un mémoire portant sur les métamorphoses du culte de l’eau en Bretagne. En parallèle de son écriture, j’ai entamé un recensement des fontaines. Pour cette opération d’archivage, je sillonne la région à pied afin de recueillir informations et récits sur leurs emplacements ainsi que sur les vertus qui leur sont attribuées.

Au cours de la résidence , je vais poursuivre mes investigations sur ce territoire et continuer à les partager. Ce temps de création est propice à  la poursuite, puis, la restitution de la production engagé sur le territoire. L’organisation d’ateliers auprès de scolaires est également propice à la mise en circulation de mes recherches, l’émergence de nouvelles pistes, mais aussi à l’imagination de nouvelles méthodes de travail. 

La rencontre entre ma pratique et Terre meuble s’articule autour de la collecte de matières premières. Conditionné par la géographie, les ressources disponibles ainsi que les saisons, ce geste marque un premier pas vers la découverte et la compréhension d’un territoire. Selon les modalités d’organisation des ateliers, j’inviterai le groupe à prendre part aux temps de collecte. L’expérience en question contribue à s’imprégner de l’imaginaire que les matières véhiculent et ainsi, de le restituer pleinement tout au long du projet. Cette étape constitue donc un moment propice pour attirer l’attention des enfants sur le potentiel plastique de leur environnement. La nature des matières prélevées sera déterminée par l’emplacement de l’école, conjugué aux protocoles d’expérimentations que je continuerai d’alimenter.

Le fruit de ces collectes (argile, bois, plantes, minéraux…), fera l’objet de discussions concernant leurs propriétés ainsi que leurs usages connus sur le territoire à travers l’histoire. 

Conjointement à la contextualisation de ces matières premières, les ateliers prendront d’abord la forme d’initiation au façonnage de celles-ci. Modelage de pots en argile, vannerie, noeuds et assemblage du bois, papeterie, teinture végétale… Ces moments d’apprentissages et d’expérimentations seront l’occasion de sensibiliser les élèves aux rapports qui unissent formes et matières.

La finalité de ce projet est de réunir l’ensemble des expérimentations, et des objets qui en résulte, au sein d’un espace, ou d’objets,  conçus  d’après les techniques qu’il nous aura été donné d’observer. À mi-chemin entre la matériauthèque et le cabinet de curiosité, j’appréhende cette base documentaire comme la représentation du territoire dont proviennent les éléments qu’elle contient. Afin de souligner cette relation, nous nous appuierons sur des supports cartographiques pour imaginer la forme du meuble et son système de classification. Source d’information, objet de narration, la vocation cette installation est de permettre à d’autres personnes de se saisir de son contenu afin de tracer de nouveaux prolongements.