Les écoles sont des bâtiments chantants, aux temporalités marquées, dont le quotidien auditif est rythmé par un signal sonore qui, par sa répétition, marque les imaginaires. « Tinnito » (du latin « tinter ») est un projet de design sonore qui joue avec la sonnerie d’école, avec son absence, avec les manières de signifier et de percevoir le temps scolaire. « Tinnito » cherche à sonder l’esprit sonore du lieu, par le biais d’ateliers de fiction avec les élèves et d’enregistrements in situ. A l’issue du projet, une sculpture sonore interactive, mobile, sera installée dans l'école et fera entendre les imaginaires sonores liés au lieu.
« Dis-moi, n’as-tu pas observé, en te promenant dans cette ville, que d’entre les édifices dont elle est peuplée, les uns sont muets ; les autres parlent ; et d’autres enfin, qui sont les plus rares, chantent ? » Paul Valéry, Eupalinos ou l’architecte. A l’heure du numérique, de plus en plus nombreux sont les bâtiments qui acquièrent peu à peu la parole, s’exprimant à travers les sons de leurs digicodes, de leurs mobiliers, de leurs sonals. Comme peuvent l’être les gares, les mosquées ou les églises, les écoles sont des bâtiments chantants, qui bruissent au rythme des activités humaines, selon des temporalités très marquées, guidées de main de fer par un signal sonore collectif. La sonnerie est à la fois un code social qui norme le temps de la journée par ses retours cycliques, et un marqueur sonore qui confère à un lieu son unicité, son identité auditive. Tinnito (du latin « tinter ») est un projet de design sonore qui joue avec la sonnerie d’école, et avec son absence. C'est un projet qui vise à mettre en scène et en récit le paysage sonore de l'école, et les manières d'y signifier et d'y percevoir le temps scolaire. Crépitement, grondement, hurlement, stridence, éclatements, bourdonnement, sifflement... Comment le bâtiment s’exprime-t-il ? Est-il calme, bruyant, timide, impérieux, lisse, rugueux, serein ? Il s’agira durant le projet de trouver l’esprit du lieu, de l'écouter, de le faire parler, de le mettre en récit, puis de le mettre en sons. L’esprit du lieu est ici interprété comme l’interaction entre le bâti et la façon dont les usagers du lieu l’habitent et le perçoivent. Nous interrogerons l’école à travers des enregistrements sonores et l'imaginaire de ses usagers. Des ateliers seront ainsi organisés pour comprendre le paysage sonore du lieu (ausculter le lieu et l’enregistrer via des microphones de contact). Puis des temps de dialogue et d’interaction seront ménagés avec les usagers de l’école, qu’il s’agisse des élèves, des professeurs, du personnel de l’établissement, afin de mettre en récit leur appréciation de l’établissement (quelle est son humeur, sa façon de communiquer, etc.). A partir des matières sonores récoltées, des ateliers de création sonore seront organisés. Les fictions sonores générées, mélanges de voix et de compositions, seront mises sous la forme d’une sculpture sonore interactive qui sera exposée dans l’école de façon. Celle-ci, élaborée avec les élèves lors des ateliers et peinte avec de la peinture conductrice, permettra, au toucher, d’accéder aux imaginaires sonores liés au lieu. Grâce à des transducteurs audio, c’est la partition elle-même qui rayonnera du son. Ces fictions permettront d'imaginer des nouvelles manières de signifier le temps, des systèmes de sonneries réalistes, improbables ou loufoques, qui pourraient être déployés dans une école, celle de Livry, qui en est dépourvue : varieraient-elles au gré des temporalités du lieu, de ses espaces ou de l'humeur de ses usagers ? La restitution est pensée sous la forme d'une exposition dans l'école, ouverte à tous, retraçant le processus de création de la sculpture sonore, et permettant d'interagir avec le dispositif en étant guidé par les élèves qui y exposent leur imaginaire.
Nièvre
Par le(s) artiste(s)