La salle de classe des CM1-CM2

Jour 1. Les métiers de l'impression

Publié par Marine Le Thellec

Journal du projet

La salle de classe des CM1-CM2

Jeudi 04 avril

Ça fait deux jours que j’ai quitté Marseille et que je suis arrivée sous le climat finistérien, à Douarnenez. Je réalise très vite que tout le monde parle du temps depuis plusieurs mois ici. La pluie et le vent ont eu raison de la patience bretonne : ça commence à tirer. Moi ça va, je suis contente de regoûter un peu à la pluie d’ici, mais faudrait pas que ça dure trop quand même. C’est le jour des premières fois : première fois que je retourne à l’école primaire depuis que je l’ai quittée en 2003, première fois que je conduis une voiture toute seule depuis que j’ai mon permis — c’est-à-dire 3 semaines. On m’a prêté une Audi, j’ai l’impression d’être une arnaque ambulante et que je vais me faire contrôler tous les 6 mètres avec mon A magnétique.

Olivier, l’instituteur de la classe de CM1-CM2 que je ne vais pas tarder à rencontrer, me présente l’école. Ici, il y a 90 élèves. Toutes les classes sont par double niveaux : PS-MS, GS-CP, CE1-CE2, CM1-CM2. C’est une petite école dans le bourg de Gourlizon, village qui se trouve sur la route entre Quimper et Douarnenez. Je vais avoir le droit à un bel espace pour travailler, dans une partie du bâtiment qui n’est plus utilisée. Dans la cour, plein d’enfants me saluent, je comprends rapidement que mon arrivée a été annoncée. Beaucoup d’enfants ici ont des parents qui ont eux-mêmes fréquentés les bancs de cette école, et souvent leurs parents avant eux. Beaucoup d’entre eux ont également des grands parents qui ont travaillé dans le monde agricole. On est en pleine campagne. Les champs sont à deux pas.


Une fois le déjeuner terminé, on commence. Les prénoms sur des papiers pliés pour que je puisse m’en sortir : Mael, Selena, Malone, Bérénice, Ewenn, Evan, Lola, Zoé… Tristan qui a l’air déjà super emballé. Aujourd’hui je vais parler de mon travail, de mon métier. Je suis graphiste et sérigraphe. Mais qu’est-ce que c’est ? Ça veut dire que je conçois et mets en page des objets qui vont être imprimés, des livres, des affiches… Mais que je fais aussi partie d’un atelier collectif dans lequel je pratique la sérigraphie. Petit tour d’horizon de la chaîne du livre, de l’auteurice au librairie en passant par la graphiste. Mais quels sont les choix graphiques que je dois faire quand je conçois un livre ? Je ne vais pas avoir de mal à les faire parler, ça fuse dans tous les sens ! On évoque le format, le papier, les couleurs, la taille. La seule absente est la typographie, que j’évoque donc.


J’accroche ensuite mes affiches au tableau : 5 affiches de court-métrages en sérigraphie. Gros succès pour celle du film Jeanne Dinde. Pluie de questions : comment t’as choisi la couleur ? Qu’est ce que ça représente cette image ? Comme t’as choisi la police ? Pourquoi les lettres sont bizarres ? Ils sont nombreux à se déplacer jusqu’au tableau pour m’indiquer des détails sur lesquels ils ont des questions. Je finis la séance en évoquant ce que l’on va faire ensemble : un journal. Que l’on va mettre en forme, donc, et imprimer en sérigraphie ! Mais avant cela, il va falloir créer le contenu. Je parle du remembrement agricole, qui est mon sujet de recherche et dans lequel je veux les inclure. Notion introduite il y a quelques jours par Olivier, les enfants sont curieux, plusieurs ont des anecdotes à raconter, évoquent leurs grands parents. C’est la récréation qui vient marquer la fin de la séance.