Reportage sur la péniche d’Alternat avec Amandine Maas

Reportage sur la péniche d’Alternat avec Amandine Maas

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« C’est un atelier entre mode et sculpture. L’idée c’était de faire des sculptures à porter. » En période de post-confinement, alors que la distanciation physique est toujours en vigueur, le travail d’Amandine Maas semble faire lien, comme si ses sculptures étaient des médiatrices entre deux mains, deux corps ; elle a par exemple créé des sculptures qui lient, où l’un et l’autre peuvent passer leur main et se balader ensemble au travers d’une exposition, reliés par une petite sculpture portative.

En résidence sur la péniche d’Alternat à Juvisy-sur-Orge, Amandine Maas proposait des initiations au travail de l’argile et à la sculpture à un public adolescent ; des jeunes d’un centre d’insertion sociale et professionnelle ainsi que des jeunes filles soutenues par l’Aide Sociale à l’Enfance avaient la possibilité de s’initier à cette pratique. « Ça n’a pas été facile de trouver un public, surtout avec la canicule et la période de post-confinement qui n’a pas aidé. Mais j’étais très contente de voir ces jeunes filles, qui n’avaient pas forcément d’affinités spéciales pour la sculpture, qui parfois n’en avaient rien à faire d’être là et qui, une fois le travail commencé, se sont vraiment mises à fond là-dedans. Elles étaient très impliquées et très appliquées. » résume Amandine, plus habituée à intervenir auprès d’enfants en centre d’Arts. Sur la table, les créations réalisées ces dernières semaines attendent d’être peintes : des sacs à mains, des cadres à miroir, des récipients, le nom de son gang ou encore l’homme idéal. « Ça, c’est un jeune homme qui l’a fait. Je lui ai dit de faire ce qui l’inspirait et il a fait un king-size bed » rigole Amandine en montrant un petit lit, juché sur quatre grosses pattes avec de gros oreillers. A.S. a fait ses initiales, un cadre de miroir et a même conçu plusieurs récipients à mettre les uns dans les autres et à disposer sur un meuble. Très concentré sur sa peinture, elle affirme cependant avoir préféré conceptualiser et mettre en forme ses sculptures que de les peindre.

Originaire d’une ville voisine, Savigny, c’était important pour Amandine d’être ancrée dans l'Essonne : « Si tu as les moyens, bien sûr tu peux trouver de quoi t’occuper culturellement. Mais il y a peu d’actions comme celles-ci ici, qui mélangent social et culturel. Éric, qui fait tourner la péniche d’Alternat depuis plus de dix ans, travaille aussi à cela. En proposant par exemple des croisières pour redécouvrir la Seine à petit prix. »

Pour Éric Sapin, l’accueil d’Amandine en cette période de post-confinement était important : « j’ai grandi dans une famille de musiciens, de peintres, d’artistes. Avec le contexte de la pandémie, il y a clairement un problème pour l’avenir de l’Art et ça pose la question de ses enjeux. En tant que responsable de ce lieu, ça fait partie de notre projet de pouvoir accueillir des initiatives artistiques comme celle-ci, surtout quand c’est techniquement aussi simple. » La péniche a accueilli un groupe d’une petite dizaine de jeunes filles de 16-17 ans, en foyer à Saint-Maur. L’une des éducatrices, qui connaissait Alternat, a proposé de venir dormir sur la péniche pendant trois semaines : « surtout en cette période de confinement, c’était important. Elles ont pu participer aux ateliers proposés par Amandine et il y avait trois heures de chantier bénévole sur le bateau par semaine pour qu’elles puissent s’approprier le lieu. »

Éric revient sur l’histoire de ce projet : un bateau pour la paix, avec la nécessité que le social et le culturel puissent interagir. « C’est un vieux projet qui a bientôt quarante ans ! Ça a été fait au Japon par exemple, ce bateau pour la paix ; aujourd’hui j’aimerais créer un BAFA fluvial avec plusieurs fédérations d’éducation populaire. » Ses croisières, il les conçoit d’ailleurs comme un moyen de se réapproprier la Seine, fleuve inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, par des classes plus populaires.

Éric accorde cependant une importance primordiale à ne pas rester qu’un prestataire ou lieu dans lequel on passe, pour les artistes. C’est chose faite avec Amandine puisqu’ils discutent déjà de poursuivre leur rencontre par un travail de communication par Amandine autour d’Alternat.