Chaque époque engendre ses héros

Le projet Chaque époque engendre ses héros a pour but de mettre des visages sur un sujet que l’on ne veut plus voir, sur des vies que l’on ne nomme plus. Calais et ses exilé·es sont aux yeux de toutes et tous une simple foule de migrant·e·s vivant dans des bidonvilles. La situation dans la ville de Calais n’évolue pas depuis de longues années et les problèmes de transition migratoire sont au cœur de tous les débats. Natif du Nord-Pas-de-Calais, cette situation fait partie de l’histoire de Jean Kader.

Après le drame de novembre 2021 où 27 personnes ont perdu la vie dans un tragique naufrage, une vague d’images est apparue sur les écrans. Une catastrophe dont les photographies ont ému pendant un temps, puis ont été oubliées.

Mais que racontent ces photographies ? On nous montre des conditions de vie difficiles, des groupes de personnes embarquant sur des bateaux de fortune, des lieux de vie d’une grande précarité où la police expulse toutes les 48h, mais à part ça, qui sont ces gens ? Ces personnes ont des noms, mais aussi des métiers, un passé, des histoires et surtout une dignité. Ils ont aussi un futur, des rêves et des sourires, mais dans l’esprit commun il est apparemment plus important de parler d’une masse.

Cette masse qui se cache sous de gros blousons et des cache-cous qui les rendent invisibles.

Ces invisibles, ne pourraient-ils pas être nos nouveaux héros ? Avec la Maison d'Entraide et de Ressources du Secours Catholique de Calais, Jean Kader installe un studio de photographie avec et pour ces personnes exilées, leur donnant la possibilité de créer une nouvelle image des dits « migrants ». Ils réalisent eux-mêmes des prises de vue où ils se sentent à l'aise et mis en valeur, où ils prennent le temps d’en discuter, et où leur image est choisie plutôt que simplement volée. Ils y apprennent entre autre à développer leurs propres pellicules, comme un véritable temps de pause dans leurs quotidiens. Chaque époque engendre ses héros se présente en une grande série de portraits réalisés à la chambre photo 4x5 en noir et blanc, dans les lieux de vie ou au sein de la Maison d'Entraide et de Ressources du Secours Catholique de Calais. Le rendu final prend la forme d’une édition mêlant image et récit, un recueil par et pour toutes les personnes rencontrées durant la résidence.