Courir comme une fille

Adèle Ratte s’attaque à ce projet embryonnaire Courir comme une fille, pour parler des championnes du sport, celles qui ont conquis le bronze, l’argent et l’or. Reines de performance, elles fracassent du poing le mythe de « la fragilité féminine ». Parler de ces femmes que l’on zappe à la télé, celles dont les médias se foutent royalement, qui récupèrent les chaussettes en 45 du club de foot masculin, qui font un “triple front-side underflip” en snowboard et gagnent un tee-shirt ! Courir comme une fille, bouger comme une fille, transpirer comme une fille, boxer comme une fille… C’est en passant à travers une observation de la femme/fille sportive en général que peuvent être disséqués les fondements d’un système sportif et compétitif profondément patriarcal et contrôlant. L’envie est aussi de souligner le fait qu’avoir empêché les femmes de s’épanouir à l’égal des hommes dans les pratiques physiques leur a construit un certain rapport à l’espace et au monde. C’est en re-traversant l’histoire du sport, et celle de la lutte des femmes pour pratiquer et exister dans ce monde d’hommes, que pourra être mit en lumière l’incroyable puissance que dégage toute femme qui passe la porte d’un gymnase, d’un local de boxe, d’un stade... Cette résidence, Adèle la ponctuera d’échanges avec les jeunes pour mieux comprendre leur rapport au sport dès le plus jeune âge, de rencontres avec des universitaires travaillant sur le sujet. L’axe sera également mis sur un profond travail de récolte sonore. Quoi de mieux qu’un champ immatériel pour parler de l’ultra physique ? Podcasts créés avec les jeunes, interviews dans des clubs féminins et en mixité choisie, enregistrements d’ambiance de salles, de vestiaires, de propos pris sur le vif, de souffles, de cris, donneront naissance à une collaboration entre une comédienne/autrice et une ingénieure du son. Par la suite une danseuse complètera l’équipe pour donner corps à ces tentatives de retranscrire l’univers du sport féminin comme une pratique physique libératrice et politique. Et pour finir, Adèle souhaite utiliser les outils d’un théâtre corporel proche du sport collectif, dynamique et stratégique, et passer par la création de personnages féminins charismatiques et d’une expression exagérée de l’affrontement.