À la suite d’un projet liant art, sport et éducation, je propose la création collective d’une course d’obstacles revisitée dans le contexte de l’école et dans une dynamique d’économie circulaire. "De grandes réussites et quelques loupés.." lie art, sport et éducation. En collaborant avec les enfants et des sportifs nous réfléchirons, à force de discussions, de pratique plastique et d’entrainements, aux notions d’obstacle et d’épreuve à l’école comme dans leur quotidien comme limites à surmonter de façon à les détourner sous formes de sculpture pour former un parcours de course absurde, anti-compétitive, surréaliste mettant en scène leur regard sur le quotidien et la relation à leur environnement.
Le sport comme médium artistique m’intéresse de par sa structure, sa rigueur, ses codes et sa capacité à évoquer un contexte fort à petite échelle. Cet intérêt pour le sport est né autour du projet Tripple Dribble que j’ai développé en collaboration avec des joueurs de basketball. L’idée initiale de «De grandes réussites et quelques loupés..» est de se pencher sur des liens possibles entre la sculpture et le sport. Je me suis d’abord intéressée à la capacité de l’homme à l’endurance et à la persévérance. C’est en imaginant un personnage de Buster Keaton choir et se relever à chacune de ses chutes provoquées par un élément extérieur que j’ai pensé à une course d’obstacles. Définissable par la maîtrise et l’équilibre de l’athlète, elle met à l’épreuve le participant sur une endurance cognitive aux éléments de son environnement.
L’intention du projet est de porter un regard sur la notion d’obstacle pédagogique, affectif, physique et relationnel très présent pour chacun. Nous analyserons ce qu’elle représente pour les élèves à l’école et à l’extérieur et trouverons des moyens, par la sculpture et la forme de la course, de surpasser, les détourner et se les approprier pour s’en servir comme des tremplins permettant d’accéder à de nouveaux savoirs et créer de nouvelles histoires. Nous travaillerons autour de l’univers des enfants que nous mettrons en scène au sein de la course pour créer un parcours ponctué de sculptures-anecdotes créant un scénario. Elle sera performée d’abord par des athlètes lors d’une performance, ensuite par les élèves, puis ouverte à tout public par la suite.
Pour définir une course aussi intéressante du point de vue sportif qu’artistique, je ferai intervenir des athlètes pour considérer la façon dont le sportif conçoit la course et la mentalité qui leur permet d’arriver à leur but. Je ferai découvrir des artistes et acteurs liés à cette recherche, par des interventions à l’école, bibliothèque et lors de visites d’exposition (ex: Eric Giraudet, Flux-Labyrinth de George Maciunas mettant en scène une série de gags/obstacles, l’équipe de basket, le commentateur sportif avec qui je collabore actuellement).
Dans une logique de co-création, j’établirai un cadre de confiance, d’écoute et de coopération. Il permettra de s’enrichir de nos différences et de penser l’altérité entant que richesse et matière à créer une œuvre. Les élèves seront amenés, étape par étape, à expérimenter le processus d’une œuvre en développant un esprit critique avec l’artiste.
Phase 1 : période d ‘appropriation du territoire : rencontre, présentation du projet, formation du groupe de travail (professeurs, athlètes, élèves) et partenaires (recylcerie, bibliothèque, lycée technique pour la fabrication). Visite du centre d’athlétisme, discussions autour des enjeux du sport, de la pratique de la course, du steeple, de l’athlétisme.
Phase 2 : réalisation du projet
=> collecte, prise de notes
-Dans un premier temps, par le dessin, la photographie, les prises de son, le prise de note, la discussion et la récolte de matériaux, à l’école et lors de marches collectives dans la ville, nous prélèverons des formes, des anecdotes, des comportements faisant écho aux obstacles qu’ils rencontrent au quotidien ainsi que les comportements qu’ils adoptent face à ces derniers. Chaque séance de travail sera consacrée à un médium. Cette collecte servira à créer un abécédaire de formes que nous utiliserons dans nos sculptures. Cette question sera abordée notamment avec les différents professeurs. Comment s’approprier et détourner les informations apprises posant problème dans le but de porter un regard personnel sur celles-ci à mettre en scène au sein d’un parcours-histoire?
-Prise de note auprès les athlètes: mouvements, réflexes, gestes, répétitions du coureur pour analyser les repères (façon de courir, mouvements, objectifs, contraintes, manières d’appréhender l’obstacle, etc.). Avec eux, nous réfléchirons à la notion d’obstacle dans l’univers du sport et des Jeux olympiques à venir, enjeu crucial pour les sportifs, les habitants et la ville d’accueil subissant de nombreuses mutations dès aujourd’hui. Voilà pourquoi mon premier choix d’école est en Seine Saint-Denis où se concentre les J.O.
L’objectif de cette étape est de créer une cartographie sensible de l’environnement en développant la spontanéité et un langage plastique propre à chacun.
En deuxième partie de chaque séance: mise en commun des données et moment de partage, du personnel au collectif : en deuxième partie de chaque séance, chacun présentera sa collecte que nous mettrons en commun au sein d’un même espace sous forme de plusieurs dispositifs liés aux médiums abordés : prise photo vidéo et sonore : travail autour d’ordinateurs. Prise de note, dessins : travail autour d'une grande table commune. Récolte de matériaux : travail au sol. Chaque élève sera invité à s’approprier la matière collective par la manipulation et l’échange. Déplacer, fragmenter, superposer, redessiner, assembler : des actions qui permettent une dépossession de son propre geste pour laisser l’autre se plonger dans cet univers jusqu’à trouver un langage commun. Il sera question de révéler le potentiel narratif des formes récoltées afin de créer un scénario à transposer en sculpture.
Phase 3 : conception des sculptures : en respectant les normes de sécurité liées à l’âge des élèves, il s’agira de découvrir les principes de base du volume en abordant différents matériaux et techniques (assemblage, coupe, couture…). Nous appréhenderons les notions d’espace, d’in situ et d’imaginaire par l’assemblage d’éléments. Afin que la course d’obstacles soit praticable et sécuritaire, nous réfléchirons avec les sportifs à la forme des obstacles en considérant l’impact physique que ceux-ci peuvent entraîner.
Phase 4 : élaboration de la course d’obstacles : nous procéderons à un repérage collectif pour proposer des choix d’emplacements. Elle pourrait avoir lieu à l’école ou dans l’espace public extérieur afin d’être accessible et praticable à tous. Le nombre d’obstacles et la longueur du parcours dépendront du lieu et du nombre de participants. Nous créerons une affiche pour annoncer la performance.
Phase 5 : traces du projet - devenir des objets
La performance sera filmée, enregistrée et photographiée par les enfants. Des séances spécifiques y seront dédiées.
=> Production d’une vidéo : développement de techniques de captation et de montage propre à notre expérience et au principe de la course obstacles.