Le vent et le courant hydraulique sont des ressources libres et accessibles, c’est pourquoi depuis des siècles nous en transformons le potentiel par des barrages et des moulins qui parsèment notre territoire.
Je souhaite, lors de la résidence Création en Cours, proposer un cadre de découverte, de dessin, d’imagination, autour de ces architectures techniques productrices de mouvements, d'énergies.
Cela se fera par des découvertes locales du patrimoine éolien et hydraulique. Nous en construirons un répertoire impliquant les histoires qui les entourent ainsi que les mécanismes qui les mettent en mouvement.
Nous plongerons, au travers d’ateliers, dans la recherche et la compréhension de certains mouvements mécaniques et cinétiques rendus possible par l’action d’un flux.
Ces recherches nous ouvriront des cadres afin d’imaginer de nouveaux moulins et barrages mettant à profit ces énergies naturelles afin de penser de nouveaux usages, de nouvelles façons de s’implanter.
La force du Mistral, la puissance d’une marée, la constance de la tramontane, le courant du fleuve… Autant de flux hydrauliques et éoliens qui sont, depuis des siècles mis à profit sur le territoire au travers d’installations techniques et symboliques. Moulins, barrages, éoliennes, girouette, manches à air, bouées… Ces objets architecturaux techniques ponctuent le territoire français et s’accompagnent tant de savoirs industriels que de légendes populaires.
Les évolutions technologiques et démographiques entraînent une constante évolution de ce patrimoine énergétique. À l’image des moulins à vent qui n’ont pas survécu à l'électrification de l’industrie agro-alimentaire, l’architecture technique se meut d’un usage productif à celui de patrimoine.
En tant que designer, je suis fasciné par les formes en mouvement, les grandes pales qui, dans un geste cinétique, tournoient avec élégance, l’arbre d’un moulin, qui, épais et long comme un tronc d’arbre entraîne une série d’engrenages antiques mais sophistiqués. Ces flux permettent d'actionner une grande série de mécanismes qui vont au-delà des seuls usages qu’on leur connaît : moudre du grain, produire de l’électricité. Ce potentiel mécanique et productif me passionne et structure mon travail de recherche.
Dans ce sens, il y a 1 an et demi, j’ai imaginé comment le vent pouvait mettre en mouvement les enseignes des magasins dans les rues. Ainsi, j’ai mis au point une croix de pharmacie et une carotte de tabac qui tourne avec le souffle. Ces enseignes n’ont plus besoin d’être lumineuses, et donc électrifiées, car le mouvement hypnotique produit attire bien assez l'œil des passants.
En développant ce projet, j’ai établi un catalogue technique des différents mouvements, mécanismes, entraînements, possibles par l’action d’un courant (éolien ou hydraulique). Du vilebrequin au piston en passant par l’engrenage et le ressort, je m'intéresse à ces transmissions dans le but de créer un répertoire technique des possibles. Ce catalogue s'étend aussi aux formes des turbines : quel comportement un flux va-t-il avoir pour faire tourner telle ou telle pale ?
J’aborde cette classification en tant que designer, c’est-à-dire toujours dans un aller-retour entre le fond et la forme, ce que permet techniquement une action, ce qu’elle peut impliquer dans les usages et quel est son impact esthétique.
Ainsi, j’aborde les éoliennes, les moulins, les barrages, comme des objets, à très grandes échelles qui racontent leurs histoires avec leurs mécaniques, leurs mouvements dans le paysage.
Dans le cadre de l’appel à projet Création en Cours, je souhaite proposer un projet participatif avec une classe de primaire afin de développer des moulins et des barrages imaginaires qui, par leurs mouvements, produisent autre chose que de l’électricité.
Le projet comporte trois grands axes :
Ces trois axes se compilent donc dans une recherche globale sur la place, la forme et les usages des moulins et barrages sur notre territoire. L’ensemble des travaux, propositions, ateliers… De plus d’être documentés, publiés, comme il est d’usage dans vos résidences, seront aussi compilés dans une restitution globale contant la grande histoire et le futur, un peu véridique, un peu imaginée, un peu bricolée et très joyeuse de ces grandes machines sans moteurs, qui sauront se rendre indispensables.