Être(s) voyageur(s)

L'exil est actuellement une thématique récurrente qu'elle soit exprimée sur le plan politique, humanitaire ou sociale. Le départ, le voyage et l'arrivée prennent des formes multiples. Il semble intéressant de s'éloigner de l'actualité contemporaine pour étudier cette question sous un éclairage intemporel. Revenir aux héros qui découvrent un lieu pour la première fois. Revenir à Ulysse, devenir explorateur. Riche de différentes rencontres , je souhaite à la fois pouvoir développer ma recherche artistique sur cette thématique et au fil de rencontres avec des élèves partager des expériences narratives et illustrées. Je ne cherche pas à traiter ce sujet de manière documentaire. Je voudrais au contraire l'amener vers des territoires poétiques. C'est dans cette trajectoire que vient s'inscrire le projet de cette résidence Être(s) voyageur(s). Il me semble enrichissant de partager ce désir d'édition sur une odyssée imaginaire avec une classe de cycle 3. Dans le temps de création personnelle j'envisage la réalisation d'une édition regroupant textes et dessins sur cette thématique du voyage. Durant trois ans j'ai rencontré des gens qui ont été amenés à se déplacer (réfugiés politiques, regroupements familiaux, raisons professionnelles...) Comme exprimé précédemment je tiens à m'éloigner de l'aspect factuel pour composer un récit fictionnel. Tenter de retranscrire ce qui dans ces histoires m'a interpellé, et ce qui pour moi a eu force d'évocations. C'est l'histoire d'un Ulysse moderne, peut-être aura-t-il un nom? Il n'existe pas vraiment. C'est un peu mon grand-père Joseph arrivé en France orphelin sans même une paire de chaussures, c'est un peu Melek elle aussi partie d'Algérie mais 80 ans plus tard, c'est aussi ce jeune garçon qui a appris quatre langues au fil des déplacements paternels, c'est Mohamed qui raconte l'odeur de la cuisine de sa mère restée au pays. C'est une fiction, une collecte sensitive de départs et d'arrivées. Pour le moment j'ai été dans un temps de recherches. Ces rencontres ont fait l'objet de prises de notes et de dessins. Des thématiques principales ont été mises en lumière : - le lien au pays natal à travers son paysage et même plus intimement à son odeur, son goût, les sensations qu'ils provoquaient - la sensation de la langue maternelle - ce que l'on emporte avec soi, les objets certes mais aussi les traditions. - ce mouvent entre s'intégrer et préserver qui l'on a été, ce que l'on peut accepter de perdre, ce qui se transforme. - la découverte de nouveaux espaces. - les regards sur soi, les regards que l'on porte sur les autres. Aujourd'hui j'envisage une phase d'écriture plus concrète, une première maquette regroupant les textes et les images déjà préparés et ceux que j'ai l'intention de réaliser. Le temps de la résidence me permettrait de réaliser cette édition. Pendants les temps de transmissions j'ai l'ambition de proposer aux élèves de partager cette recherche sur le voyage. Évidemment cette recherche sera adaptée au élèves de cycle 3 en échangeant avec l'équipe pédagogique et en fonction de la classe. Mon année de formation au sein du Centre de Formation des Plasticiens Intervenants m'a permis d'apprendre à présenter ma démarche artistique et m'a donné des outils qui se montreront utiles lors de cette réflexion. Le principe de cette résidence est de proposer à un ensemble d'élèves de jouer entre fiction et réalité sur la question du voyage. Nous partons d'un lieu existant (l'école par exemple, voir même la salle de classe ou un autre lieu riche en inspiration proche de l'établissement) et faisons l'expérience de le redécouvrir comme si c'était la première fois. Ce lieu est notre point de départ. Au fil des séances nous inventons ce qui nous a poussé à partir, l'environnement que nous découvrons, ce que nous ressentons face à ces événements. Chaque enfant peut alors construire son récit singulier sous la forme d'une petite édition. Pour structurer ce projet l'idée est de proposer aux élèves d'être leur guide dans ce lieu inexploré. Étant illustratrice de formation il est important pour moi de faire partager aux élèves les outils que j'ai plaisir à utiliser. Je pense à la technique du monotype, de l'encre de chine, de la gravure, le dessin sur feuilles de rhodoïd et la fabrication de tampons. Ces techniques offrent la possibilité d'éveiller la curiosité de ceux qui les découvrent. Ainsi les élèves seront je l'espère surpris par la qualité des résultats graphiques. Aussi ces outils permettent la variété graphique pour éviter la lassitude et permettre que chacun puisse trouver l’outil graphique qui lui correspond. Je propose que chaque enfant devienne narrateur et illustrateur de cette fiction. trouve bloquer dans le processus d'écriture. Le projet se découpe en huit grands épisodes. Pour amorcer ces chapitres je composerai un petit texte se verront proposer de continuer. Cette amorce offre la possibilité que la classe avance au même rythme et qu'aucun élève ne se t Le livre est un objet a priori impressionnant. Bien que très présent dans l'univers des élèves, il leur semble souvent difficile d'en devenir des créateurs. Mon travail d'auteure illustratrice est encouragé par le fait de partager ce jeu narratif que ce soit à travers l'écriture ou par le dessin. L'idée est de permettre d'expérimenter ce processus en le découpant en plusieurs étapes et en éclairant les différents procédés.