Îliennes

Le temps de la résidence TRANSAT, en partenariat avec le Centre d’art insulaire Finis Terrae, les documentaristes sonores Lorine Carton-Amor et Juliette Chartier déposent leurs micros à l’EHPAD de Brug Eusa et tracent un portrait de l’île d’Ouessant à partir de son patrimoine sonore et de la voix de ses femmes.
 
Durant quatre semaines, elles réalisent des créations sonores expérimentales composées avec les sons de l’île - les récits de ses habitantes, sa faune, sa flore, sa géophonie, ses sonorités sur terre et sous terre - capturés par différents dispositifs d’enregistrements. Elles partent à la recherche de traces sonores de cette identité insulaire. Pour cela, elles utilisent des dispositifs divers : microphones, hydrophones, géophones et capteurs électromagnétiques, afin d’en palper les contours audibles et capter les ondes qui ne se voient pas. Elles travaillent à la frontière de l’infra-perceptible, en sondant les sonorités inattendues de l’île. Avec leurs micros stéréo, elles enregistrent le paysage sonore de l’île et vont interroger les femmes de l’Ehpad sur leur rapport aux sons disparus qui ont fait l’identité insulaire d’Ouessant. Ces différentes captations, voix et paysages sonores, seront ensuite restituées sous forme d’une installation sonore en multiphonie, qu’elles souhaitent diffuser dans l’Ehpad, afin de décloisonner ce lieu en le mettant au centre de leur travail artistique.
 
Travailler au sein de l’Ehpad de Brug Eusa les intéresse particulièrement. C’est un lieu fil conducteur de leur travail documentaire autour de la mémoire. Lors de leur résidence Création en Cours en 2020, Lorine et Juliette ont travaillé sur un documentaire sonore dans le Finistère, autour de portraits d’anciennes femmes de marins (depuis diffusé sur France Culture et disponible à l'écoute). C’est par le point de vue de celles qui restent sur le rivage - dont la parole n’a pas beaucoup été mise en avant - qu'elles ont questionné la mémoire d’un territoire. À leurs yeux, les Ehpad sont comme des bateaux au milieu d’océans urbains, flottant dans leur immensité mais n’y appartenant pas tout à fait. C’est dans cette continuité qu’elles proposent le projet Îliennes.