L’Alien

Le mot “alien” est un emprunt à l’anglais, il est synonyme d’extraterrestre. Étymologiquement, il dérive de l’ancien français “aliene” signifiant “étranger”. À travers ce jeu de rôle dans lequel les enfants d’une classe devront imaginer l’atterrissage d’un OVNI dans leur cours de récréation, il y a la volonté de les faire décider de l’accueil à réserver à cet étranger. Si le genre a été surexploité au cinéma, il n’en demeure pas moins actuel si l’on pense à la crise migratoire que connait l’Europe aujourd’hui.
Je mènerai une longue phase d’écriture pour envisager tous les choix que pourront prendre les enfants lors du jeu de rôle. Accueilleront-ils l’alien à bras ouvert ou le chasseront-ils de peur d’être désintégré par leurs fusils laser ? Chercheront-t-ils à établir une communication avec lui ? Une grande liberté d’action leur sera laissée afin que l’histoire vécue dans cette expérience leur appartienne vraiment.
Tous les élèves de la classe seront engagés dans l’aventure, ce qui représente un défi de taille à relever : comment s’organiser à l’échelle d’un groupe pour prendre des décisions ? Il m’intéresse de voir comment les enfants prendront leurs décisions. Établiront-ils un processus démocratique ? Des votes à main levée ? Éliront-ils un représentant qui prendra les décisions à leur place ? Le comportement du groupe laissera la place aussi à des décisions individuelles. Un des élèves, en désaccord avec le groupe, pourrait très bien décider d’entrer en contact avec l’alien, s’enfuir ou encore décider de s’armer par peur d’une attaque.
Toutes ces décisions à prendre devraient donner lieu à des débats filmés par un caméraman. Les enfants pourraient aussi avoir des caméras mobiles (smartphones ou appareils photo numérique) pour se filmer entre eux. Un ingénieur du son sera engagé pour enregistrer les débats de façon claire et audible car le risque avec autant de figurants serait d’avoir un gros brouhaha en guise de bande son.
Enfin, il serait plus simple pour des questions de raccords que le jeu de rôle soit effectué sur une seule journée.

Cette première étape du projet accomplie, commencera alors une seconde phase de travail qui consistera à mettre en image l’alien. Après avoir été acteurs du film, les enfants en deviendront les auteurs et réalisateurs. Ensemble, nous imaginerons une manière de mettre en image l’histoire vécue lors du jeu de rôle. Leur imaginaire ayant déjà été beaucoup sollicité, il devrait leur être facile d’imaginer l’apparence du véhicule extraterrestre et de l’alien. L’idée n’est pas d’obtenir un rendu hollywoodien. Ma démarche artistique consiste souvent à faire avec les moyens du bord, à utiliser les technologies grand public pour construire une fiction. Nous n’utiliserons pas de caméra professionnelle mais plutôt des réflexs numériques et des smartphones pour filmer. Selon la même logique, nous ne ferons pas appel à un studio d’effets spéciaux en 3D pour notre film ! Pour trouver une méthode de représentation, nous nous inspirerons d’artistes et de réalisateurs qui utilisent des méthodes tel que la suggestion, l’emprunt, le fond vert ou la photographie dans leurs films. Ce processus de création partagé avec les élèves me permettra aussi de donner lieu à de nouvelles formes, des nouvelles images auxquelles je n’aurais pas penser sans leur concours. L’enrichissement sera donc mutuel.

Comme dans mon précédent travail, je cherche, avec ce projet, de nouveaux moyens de narration. Ce projet recouvrira de nombreux genres et médiums : fiction, documentaire, théâtre, vidéo et cherchera à ériger le jeu de rôle au rang d’œuvre d’art. Un mélange des genres décomplexé dont les formes visuelles seront aussi multiples que leurs créateurs.