Maurice, fondateur et PDG de la Maison Lafirce, usine de farce et attrape au
rayonnement international, vient de se suicider.
Il laisse à ses deux fils, Joseph et Gauthier, ainsi qu’à sa fille de coeur, Dolores, un
héritage : une usine en faillite, responsable de 1661 ouvriers mineurs.
Au milieu d’une guerre des classes où l’avenir de l’entreprise est menacé, c’est à
nos trois protagonistes qu’on demandera de trancher, de faire les bons choix.
Trois adultes à l’âme d’enfant qui meurt à petit feu. Qui portera la couronne ? Et
comment vont t’ils s’y prendre ?
Mensonges ? Tromperies ? Stratagèmes ?
Le monde de la farce saura nous éclairer !
Cette aventure donne à voir, avec humour et par le prisme de la farce, les moyens qu’utilise l’être
humain pour éviter de faire des choix cruciaux, comme le mensonge, la tromperie
via de multiples stratagèmes : objets de farce et attrape, jeux de rôle, déguisement,
détournement, inventions, etc), et quelles sont les conséquences des mensonges à
court et long terme.
« L’ATTRAPE NIGAUD », communément appelé « pochette surprise » est un produit de commerce d’une longueur allant de 60 à 70 cm, de forme conique et dans lequel est enfermé quelques objets amusants, souvent destinés aux enfants. De son surnom populaire, « L’ATTRAPE NIGAUD » vient du prix de la pochette assez élevé, contrastant avec les objets contenus dans celle-ci, qui sont très souvent de mauvaise facture. La plupart du temps, ceux qui s’intéressent à cette pochette sont des jeunes gens qui ne sont pas forcément attirés par son contenu, mais plutôt par la sensation de surprise et d’inattendu qu’elle leur procure.
Par ce titre, nous souhaitons proposer au spectateur d’avoir un regard complice sur cette aventure et de se laisser prendre, afin de voyager dans ce souvenir d’enfance qu’est la « pochette surprise ». Une farce où la casquette du nigaud chemine sans cesse de tête en tête, de personnages en spectateurs, et dans laquelle l’humour et le drame ne font qu’un.
Aussi, afin que le spectateur accepte qu’on lui mente au nez et croit à notre affaire, nous souhaitons que notre farce, aussi bien en cuisine que sur les planches, soit de qualité. D’où l’importance de notre recherche et de notre temps de préparation.
C’est une devise que mes compères et moi-même souhaitons défendre à travers L’ATTRAPE NIGAUD et la compagnie LE GROS ACTE .
LE GROS ACTE a faim. Il veut manger des produits de terroir qu’il aime. Car cette compagnie est le fruit de deux enfants originaire de la Sologne et du Berry et elle a le désire de s’investir sur son territoire en développant des liens culturelles et en faisant sortir de terre des œuvres populaires accessible à tous les publics et s’inspirant de cette région.
L’ATTRAPE NIGAUD s’inspire de la géographie régionale, ses bâtiments (anciennes usines «Poulain » à Blois), son atmosphère, sa musique, mais aussi de ses habitants. Dans nos histoires, nous souhaitons mettre en avant les villes de notre enfance, car elles sont la source de nos inspirations. Nous voulons nous nourrir de la collaboration et du travail mené avec des institutions, des compagnies et des amateurs de théâtre de la région. Notre rêve étant de trouver un lieu sur le territoire pour y créer un espace de résidence voué à la recherche, l’écriture et la création, ainsi qu’un théâtre à construire entouré de son marché au rayonnement régional, et où le théâtre reviendrait au centre de la cité. Nous le ferons.
Techniquement, la farce se fonde à la fois sur des effets visuels, en raison du jeu de l’acteur qui utilise fréquemment le masque, mais aussi verbaux (surabondance et fantaisie verbale, lazzi et calembours) et prosodiques (jeux de timbres ou d’accents). Je souhaite utiliser ces contraintes techniques pour développer la fantaisie et le réalisme des personnages.
Comme notre histoire se déroule dans la région Centre, je souhaite construire le dialogue, l’améliorer et lui donner sa saveur à travers un travail de recherche prosodiques et verbales sur le territoire. Si possible, avec des résidents de la région.
Enfin, je désire développer la charge populaire des objets phares des farces et attrapes connus du grand public (boite à meuh, coussin péteur, faux nez, pince doigt, etc). Je souhaite les personnifier et leur donner un passé, une âme qui semble vraisemblable. Comme les masques de la commedia dell’arte, leurs faire dégager une dimension théâtrale et une puissance poétique. Un travail qui s’inspire du théâtre d’objet. Bien évidemment, sans personnage, pas d’histoire. Ils sont le centre de notre aventure, la vie, le cœur. Comme ces personnages, l’interprétation et la recherche comportementale est au centre de notre recherche. C’est à travers eux et par leur humanité que toute notre recherche et nos interrogations vont prendre vie, et que le spectateur va pouvoir s’émouvoir des larmes au rire et inversement. Le monologue intérieur de chaque personnage, leur crédibilité (expression, toc de langage, vocabulaire du terroir) et leur identité détaillée sont à développer. Une bonne façon d’aiguiser son regard. Pour rappel, nos protagonistes sont :
Joseph, aîné.
Dolorès, secrétaire, amoureuse de Joseph.
Gauthier, cadet, amoureux de Dolorès.
Les nains et les géants
« (…) parce que, les Anciens s'étant élevés jusqu'à un certain degré où ils nous ont portés, le moindre effort nous fait monter plus haut, et avec moins de peine et moins de gloire nous nous trouvons au-dessus d'eux. C'est de là que nous pouvons découvrir des choses qu'il leur était impossible d'apercevoir. Notre vue a plus d'étendue, et, quoiqu'ils connussent aussi bien que nous tout ce qu'ils pouvaient remarquer de la nature, ils n'en connaissaient pas tant néanmoins, et nous voyons plus qu’eux. » (préface au Traité du vide, Pascal, 1647)
Blaise Pascal reprend Bernard Chartre qui parlait de nains et de géants, pour mentionner, les jeunes et les anciens. Je trouve intéressant ici, qu'il insiste sur le fait que les générations futures, peuvent avec facilité s'élever en s'appuyant sur les connaissances transmises. Il le fait tout en soulignant que cette force de la jeunesse ne fait pas de nos aînés des aveugles. Dans son texte, il nous parle de sa vue d'une société idéal : Où le savoir serait respecté et la découverte suivit. Il remet en cause la société de son temps.
Pour ma part, j’ai 28 ans, Je pense encore faire partie de la jeunesse à suivre, qui continue de s’approprier des connaissances pour participer à l’évolution de la société actuelle. Mais, je sens que je commence à perdre un fil. Je m’interroge sur les nouvelles générations. Ils sont nés dans la technologie, avec internet, dans un monde instantané où le présent devient immédiatement le passé. Je me sens comme un bâtiment, juste sorti de terre et déjà plus aux normes.
« Je suis à la fois le nain et le géant »
Comment savoir ce qui est important pour l'avenir ?
Alors que la société se déshumanise, que l'on remet en question l'utilité de la profession de chacun et qu'on doute du système hiérarchique imposé comme une évidence. Qui sommes nous ? Je me demande : est-ce toujours facile d'être un nain ?
Les enfants nous le diront.